3 décembre 1986, Verdun vibre au rythme de la marée de cuir noir qui défile dans ses rues. Aux abords de l’Auditorium, une foule se précipite vers les tourniquets. Metallica vient enfin présenter son spectacle de la tournée Damage, inc. après deux rendez-vous reportés. Une première fois à cause d’une fracture au poignet subie par James, gracieuseté d’une chute en skateboard, puis une deuxième fois, plus dramatique celle-là, à la suite du décès de Cliff Burton dans les circonstances que tous les fans connaissent. Inutile de souligner que les heureux propriétaires de billets sont gonflés à bloc, on n’y croyait presque plus. Deux groupes sont invités à jouer avant la tête d’affiche: Sword et Metal Church. Un trio de rêve à l’époque. Et le groupe local n’a pas l’intention de rater son coup, surtout après avoir conquis les oreilles et le coeur des fans de Metal avec ce merveilleux premier opus nommé Metalized.
F.T.W. ouvre les hostilités avec muscle. Fuck The World? Non, Follow The Wheel(s)! Celle(s) de feu, rien de moins. Le son de moteur de la Harley rugit comme la voix de Rick Hughes, en grande forme sur cet enregistrement. Children of Heaven nous balance ensuite un riff assassin et un refrain contagieux:
Run, Fight
For what you believe
One day you will be
Children of Heaven
Le classique Stoned Again ralentit le rythme en décrivant le délire intérieur de l’incorrigible consommateur. Une trace vidéo ici:
Dare to Spit et Outta Control closent la face A dans une atmosphère de cauchemars digne des films d’horreur. On n’a pas le goût d’aller se coucher tout de suite!
La face B reprend là ou la précédente a laissé. The End of the Night, la chanson qui a meublé mon adolescence pendant de nombreuses années, mélange avec habileté les notions de peur, de l’inconnu, des esprits et des rêves. On ne sait plus si on survivra à la nuit! Runaway débute alors avec une série de notes à la guitare, gracieuseté du talentueux Mike Plant, qui rappelle Maiden tout en ayant une touche bien Sword. Lorsque la basse de Mike Larock vient s’inviter au party, on réalise qu’on a affaire à une pièce rapide et lourde malgré l’intro plutôt joyeuse. Quand la batterie de Dan Hughes se fait entendre pour démarrer la troublante Where to Hide, on sait qu’on a avantage à s’activer si on ne veut pas se retrouver en position vulnérable. Rien ne s’arrange avec Stuck in Rock, un morceau qui a lui seul contient tous les éléments du Metal des années ’80: riffs bien incisifs, rythme pesant, texte noir, voix rauque avec des pointes « high pitched », bridge diabolique, solo, fin trouble. L’album se termine en « beauté » avec la puissante Evil Spell qui poursuit la thématique des esprits mauvais à vos trousses.
Pour être certain de ne pas se faire ensorceler, vous pouvez réciter des prières, tâter votre chapelet ou vous cacher derrière un crucifix. Pour ma part, je vous recommande rien de mieux qu’un autre classique qui peut rivaliser avec ce chef d’oeuvre: une bouteille de Moralité de Dieu du Ciel!
Une telle étiquette ne peut que vous protéger contre les cauchemars, contre les mauvaises pensées, contre les esprits mal intentionnés. Mais au diable la bouteille, la potion à l’intérieur vous rendra tellement heureux que le positivisme en vous fera fuir toute énergie négative. Cette IPA orangée dégage des arômes d’agrumes et de fruits tropicaux. Dans la bouche, c’est l’explosion! Ce mélange de houblons Simcoe, Citra et Centennial est divin. De l’amertume, du fruité, du pamplemousse et du citron, de la fraîcheur et du bonheur. La levure unique partagée par The Alchemist ajoute une touche magique; clairement le dégustateur de cette Moralité ne court aucun danger tant et aussi longtemps que son verre n’est pas vide…
**********************************
Sword – Metalized: 9,75/10
Moralité – Dieu du Ciel!: 9,75/10
2e écoute – 2e consommation: béatitude!