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chronique Roos Spekto

La vie est un road trip

Ami-lecteur, je t’offre mes plus chaleureuses salutations d’entrée de jeu. Une fois de plus, je t’ai négligé en t’abandonnant lâchement, sans préavis. Trop de rebondissements dans ma vie au moment d’acquérir cette plateforme, je me suis évaporé comme une goutte de sueur sur l’asphalte en pleine canicule. Alors merci d’être encore là et d’avoir parfois tenté de me soutirer une réaction en m’écrivant. J’ai merdé et je te demande de passer l’éponge une fois de plus.

Vois-tu, j’allais écrire quelques chroniques (il y a eu des albums qui m’ont marqué et j’ai même assisté à quelques spectacles majeurs), mais tout cela a perdu un peu de son sens un soir de mai. En fait, je devrais plutôt te dire que d’autres priorités se sont dressées dans mon cerveau lorsque j’ai reçu cet appel imprévisible. D’un numéro inconnu en prime. Et je ne réponds jamais quand c’est le cas. Crampe au cerveau. Puis cette voix qui hésite à la suite de mon Allô nonchalant. Roos, c’est bien toi? J’espère bien, c’est toi qui viens de m’appeler…

Je t’épargne les premières secondes, je te shoote l’essentiel qui m’a semblé une éternité après avoir reconnu mon interlocutrice, une ancienne flamme désirant avoir de mes nouvelles, ce qui était étrange après un silence radio d’une quinzaine d’années. Elle avait une grosse nouvelle à m’annoncer et tenait à me voir pour me la communiquer. Ce genre de rencontre me rend complètement fou, ça ne se passe jamais comme prévu. Alors j’ai provoqué le dénouement en lui rappelant que la dernière fois qu’on s’était vus, c’était dans les toilettes des Foufs et que son début de relation avec son nouveau chum n’avait pas arrêté nos pulsions du moment. C’est alors qu’elle m’a shooté Justement, Roos, je veux te parler de cette soirée-là… J’ai tout de suite pensé à une MTS (ou à une ITS ou même à une ITSS selon ton âge, lecteur connaisseur de rapports sexuels non protégés) même si personnellement je n’ai pas souvenir d’avoir attrapé quoi que ce soit. Ensuite je me suis dit qu’elle me trouvait peut-être dégueulasse de ne pas l’avoir rappelée même si elle ne m’avait pas rappelé non plus et qu’elle était en couple… J’ai dû réfléchir à voix haute car j’ai eu droit à ces mots qui résonnent encore dans ma tête: T’es le père de mon ado pis j’ai décidé de lui dire la vérité aujourd’hui!

Avant d’aller plus loin, tu me comprends un peu maintenant? J’ai cherché à reprendre le contrôle de ma vie au lieu d’écrire des chroniques sur philozique.com, aussi simple que ça. Voici maintenant quelques informations en vrac à savoir:

-L’ado en question a toujours pensé que son père était le cocu aux Foufs qu’elle a connu quelques années avant qu’il ne disparaisse de sa vie

-La mère est peut-être aussi folle que moi, elle n’a pas un ADN de menteuse

-Ma fille a 14 ans et me ressemble en esti

-La relation mère-fille est difficile depuis quelques mois, l’ex dont je tais le nom pour des raisons personnelles a donc cru bon sortir cette info pour redresser la situation

-Une heure après l’appel, j’étais chez elles et une discussion plutôt sympathique a eu lieu

Voilà, tu en sais désormais suffisamment pour te faire une tête là-dessus. Je ne te dis pas tout car c’est à la fois inutile et un choix personnel. Je verrai ce que je te dévoilerai au fil de mes futures chroniques. Cependant, je me permets de te gâter un peu avec ma conclusion. Après avoir digéré la nouvelle, vu ma fille à quelques reprises et jasé avec sa mère autant de fois, j’ai compris que j’avais dorénavant un rôle à jouer. À quel point puis-je devenir instantanément un père pour une fille de 14 ans, je ne sais trop, mais je désire à tout le moins exercer un rôle de figure paternelle pas trop stupide. C’est déjà ça, hein? Et notre premier projet de grande aventure est venue d’elle quand je lui ai dit que je partais une bonne partie de l’été en road trip au sud de la frontière. J’ai toujours rêvé d’aller visiter la Californie, a-t-elle dit en regardant sa mère qui ne bougeait plus. Un long silence a suivi et j’ai senti des gouttes descendre le long de ma colonne vertébrale. Sa mère a fini par lâcher quelques mots avec une certaine émotion dans la voix. T’as ton passeport, tu peux demander à Roos s’il veut que tu l’accompagnes dans son périple… Elle n’oserait jamais, pensais-je intérieurement, mais dès que j’ai vu sa tête se tourner vers moi, avec ses petits yeux noisette et ses lèvres nerveuses, je savais que j’étais cuit. Roos, accepterais-tu que je vienne avec toi… s’il te plaît?

Pas besoin de te faire un dessin pour que tu comprennes ce qui a suivi, n’est-ce pas? La frontière américaine est maintenant franchie, nous roulons en direction de notre première destination: Buffalo. Buffalo? Ben oui, Buffalo esti! Ça a l’air que ma fille est une fan des Bills, j’ai pas le choix d’aller voir le stade, hein? On roulera chaque jour un peu vers l’ouest, un peu vers le sud. On finira par arriver en Californie. On finira surtout par se connaître un peu, à reprendre un peu de ces quatorze années passées dans l’ignorance totale. Je ne sais pas trop ce qui se passe en moi, mais pour la première fois depuis très longtemps, je sens qu’il y a un sourire intérieur qui réchauffe mon coeur…

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