DENVER

De Cozad à Denver, il faut prévoir un peu plus de quatre heures de route. Cam et moi étions heureux de quitter le moche Nebraska pour enfin arriver au Colorado. Cela dit, la partie est du Colorado n’est pas la plus fascinante non plus. La végétation se fait de plus en plus rare, de gros rochers gisent çà et là au milieu de rien et des montagnes semblent se dessiner au loin. Un détour par un petit village nous rappelle que cet état était un ancien royaume de pépites dorées. Il ne manque qu’un saloon pour compléter le cliché.

Dès que nous avions franchi la ligne pointillée imaginaire séparant les deux états, Cam s’était assurée de prendre le contrôle de la musique. Jusqu’à Denver, un seul groupe nous accompagnerait, c’est-à-dire The Lumineers. En gros, une playlist composée des quatre albums, de versions inédites et de quelques EP. Ça tombait bien, j’aime bien ce band de l’endroit et le mariage est parfait pendant ces heures de route.

-T’es une fan des Lumineers, Cam?

-Mets-en, je connais tous leurs albums et je les écoute souvent.

-T’as un album préféré?

-Je suis obligée de te répondre le premier, car il n’y a que des classiques qui s’écoutent tellement bien. Mais les trois autres ne sont pas loin derrière.

-Réalises-tu que t’avais 4 ans quand c’est sorti?

-Oh, j’avais pas pensé à ça! Mais ça explique peut-être une partie de mon attachement à ce groupe. Il a toujours fait partie de ma vie. Je me souviens que Ho Hey jouait souvent à la radio et qu’un jour on avait le cd à la maison. Puis quand le deuxième album est arrivé, j’ai eu un coup de coeur pour Ophelia. À partir de là, c’était réglé, je suivrais ce band longtemps!

-Wow, c’est vraiment toute une histoire! Je pourrais pas te dire ce que j’écoutais de 4 à 8 ans mettons…

-C’est pas pareil, c’est trop loin pour toi! Ça fait juste six ans que Cleopatra est sorti tsé…

-Vu de même, t’as tout à fait raison.

Puis Denver est apparue finalement après un long droit interminable et un petit croche de quelques minutes. comme si elle était cachée dans un désert derrière les montagnes. Bon, c’est un peu ça aussi, mais je pensais l’apercevoir bien avant.

La ville a bien changé depuis ma dernière visite. Il ne manque pas de restaurants, de bars et de microbrasseries au centre-ville. Le stade de baseball est magnifique et ajoute un cachet à son quartier. Évidemment, on a marché un peu partout, même jusqu’aux deux autres amphithéâtres sportifs, c’est-à-dire le Ball Arena, domicile des Nuggets et des nouveaux champions de la coupe Stanley, l’Avalanche, puis l’Empower Field at Mile High, géant stade des Broncos, l’équipe de football américain qui cherche à retrouver un peu de dignité après quelques années pénibles. Inutile de te dire que cette marche m’a donné soif et faim. On s’est donc arrêté à la Oskar Blues Brewery pour boire une intéressante DIPA en apéritif (oui, j’ai résisté à la Barrel Aged Ten Fidy, je devais revenir au motel en voiture après tout), ensuite on a bien mangé au Cheesecake Factory, au grand plaisir de Cam qui a d’ailleurs choisi un gâteau décadent pour boucler la boucle.

Afin de digérer et de dépenser quelques calories, nous avons poursuivi notre marche dans la ville. Un coup de coeur assuré un peu partout, surtout autour de la Union Station. Ce superbe bâtiment sert de salle d’attente pour les usagers des différents trains électriques et autobus en plus de proposer une diversité alimentaire très alléchante.

-Un jour, nous reviendrons à Denver, Roos? m’a demandé Cam en revenant au motel.

-Assurément, il y a trop de choses à voir et à goûter pour une seule journée!

Et c’est ainsi que la journée s’est terminée… avec la fin de la playlist des Lumineers!