En quittant Buffalo et, surtout, Orchard Park, le village connu pour une seule et unique raison, c’est-à-dire le Highmark Stadium, domicile des Bills, Cam m’a remercié et m’a demandé si j’avais apprécié cette première destination. J’ai répondu positivement même si la pauvreté et un certain degré de racisme m’avaient déplu. Malheureusement, je savais que ce même constat s’appliquerait à bien des endroits pendant ce long périple au pays de l’oncle Sam.
Aujourd’hui, le plan était de rouler le plus longtemps possible sur l’autoroute 90 pour s’approcher de notre prochaine destination, Chicago. Quelques arrêts pour se délier les jambes et pour casser la croûte, mais rien de précis si ce n’est un arrêt semi-planifié à Cleveland. Lecteur voyageur, tu sais comme moi que Cleveland est une ville aussi attirante qu’un souper en tête-à-tête avec Ted Nugent, n’est-ce pas? Je t’imagine rire de moi et penser que c’est à peu l’équivalent de Buffalo, hein? T’as pas tout à fait tort…
-Roos, pourquoi le Rock and Roll Hall of Fame est-il situé à Cleveland?
-C’est une excellente question, Cam! Sûrement des conditions financières avantageuses pour une poignée de véreux personnages. Ça t’intéresse d’aller là?
-Jamais de la vie, c’est vraiment trop n’importe quoi cette affaire-là!
Décidemment, on ne pouvait que bien s’entendre cette fille et moi!
-Plein de groupes devraient y être admis alors que trop d’artistes qui n’ont rien à voir avec le rock ont déjà leur place là-bas. Ça pue et ça ne me donnerait absolument rien de visiter ce pseudo temple du rock.
-T’as bien raison, Cam.
-C’était la bebelle d’un des fondateurs de la maison Atlantic Records, un certain Ahmet Ertegün, puis depuis qu’il est décédé, j’imagine qu’une belle brochette de requins s’en mettent plein les poches et font plaisir à leurs amis.
-Sûrement!
-J’aimerais mieux qu’on marche un peu dans la ville, qu’on mange une bouchée et qu’on reprenne la route.
-Bon plan!
Inutile de te dire qu’on n’a pas vu de près ou de loin l’étrange pyramide du rock. On a marché près du stade des Guardians et de l’aréna des Cavaliers, puis en direction du lac Érié. Étrangement, on a trouvé la ville pas mal plus chouette que ce qu’on avait prévu. Les bâtiments municipaux et gouvernementaux ont de la gueule, la propreté du centre-ville frappe l’oeil, les centaines de trottinettes électriques donnent un air de légèreté complètement inattendu et la vue sur le bord du lac Érié est à couper le souffle. Reviendrait-on à Cleveland? Probablement pas, à moins d’avoir un événement dans la mire. Je n’ai pas osé mettre le pied dans une microbrasserie car beaucoup de route m’attendait, mais sache, lecteur assoiffé, qu’il y en a pas mal et dans tous les quartiers de la ville. Surpris par ma sagesse? Au moins trois canettes bien froides m’attendront à mon arrivée au motel plus tard…
-Cam, on écoute quoi pour reprendre la route?
-Hummmm, j’ai une toune en tête qui a rapport avec Cleveland, mais tant qu’à être ici, on devrait se claquer un album de Nine Inch Nails!
-Wow, tu ne cesses de me surprendre! C’est ta mère qui t’a fait connaître toute cette musique?
-Pas du tout! T’as une autre question?
-Euh…c’était quoi ta toune qui a rapport avec Cleveland?
-L’entrée de la 90 ouest est ici, concentre-toi, Roos, et écoute ça!
Et c’est en appuyant sur le champignon pour atteindre la limite maximale permise sur la 90 que The Presidents of the United States of America ont réussi à me faire rire comme un gamin de 10 ans.