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chronique musique Roos Spekto

Et puis le nouveau Trivium?

Depuis le temps qu’on l’attendait… ou pas! In The Court Of The Dragon est cette dernière galette du groupe floridien Trivium, la dixième pour être précis. Dix déjà? Eh bien oui! Es-tu capable de me nommer les neuf précédents, lecteur cultivé? Moi oui. Mais vive Internet pour me rappeler de quelques titres! Vois-tu, je suivais le groupe à ses débuts avec un certain intérêt (Ember to Inferno, Ascendancy, The Crusade) jusqu’à Shogun en 2008, puis quelque chose en moi a un peu lâché ce band. Pourtant, pour plusieurs, Shogun représente l’album marquant de la formation menée par Matt Heafy. Qu’est-ce qui peut alors expliquer cette baisse d’intérêt de ma part depuis ce temps? Sûrement un mélange de quelques facteurs. Et ça tourne souvent autour du même thème. L’obsession de Matt Heafy je dirais.

Le gars a du talent et le perfectionnisme doit être une de ses qualités ou un de ses défauts. Le beau Matt veut continuellement en mettre plein la vue et les oreilles sur chaque morceau. À l’image du petit fatigant dans la classe qui pratique ses tables de multiplication jusque tard dans la soirée pour finir premier le jour du test, Heafy doit probablement reprendre des centaines fois un riff compliqué pour non seulement le maîtriser davantage mais pour le pimper en difficulté technique et en vitesse d’exécution. Pourquoi ne pas rajouter deux notes ici? Accélérer ce mouvement? Pousser la voix un peu plus haut? Ajouter une triple cymbale pour mettre du punch? Tu comprends mon point, n’est-ce pas?Je ressens trop souvent le côté calculateur et mathématique de la patente, pas assez l’humain en arrière de tout cela. La spontanéité créative se perd dans les couches de vernis.

J’avais peu de négatif à dire des dernières rondelles, mais elles se retrouvaient rapidement dans la bibliothèque, loin du lecteur. Et jamais dans mon palmarès de fin d’année, malgré leurs évidentes qualités. Et là, en cet automne 2021, je crois que Trivium a réussi à piquer un peu plus que mon simple intérêt et ma curiosité. Pour la première fois depuis très longtemps, je sens quelque chose derrière ce mur de son, derrière cette armure technique. Oui Matt et sa bande s’en donnent à coeur joie tout au long de l’album, oui l’imaginaire textuel me passe encore dix pieds au-dessus de la tête, oui il y a encore un peu d’extra masturbatoire et de la moutarde trop mielleuse dans la voix ici et là, mais enfin il se produit une étincelle en moi quand j’entends les pièces dans mon salon, dans la spektomobile ou dans mes écouteurs. J’ai le goût de réécouter l’album. J’ai recommencé à croire en ce que Trivium me propose. Ce n’est plus qu’une série d’additions et une orgie de multiplications, c’est un mélange de génie musical et d’émotions, un truc plus naturel et viscéral sous la couche sonore.

J’imagine déjà l’ami MA Rush jubiler de l’intérieur en écoutant mille fois cet album d’ici la fin de l’année et je lui laisse l’honneur d’en faire une critique comme lui seul peut le faire. Je me contenterai de ceci: In The Court Of The Dragon n’est ni l’invention du siècle ni l’affaire qui révolutionnera le monde de la musique, mais c’est le meilleur truc que Trivium pouvait sortir en 2021. Et comme Trivium est déjà assez haut placé dans les sphères de l’univers métallique, cet album sera dans plusieurs palmarès de fin d’année… dont le mien! Sur mon podium? Ne gage pas ton dernier caleçon là-dessus, mais rien n’est impossible.

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