L’Estonie, tu connais ça? Ouais, c’est un pays, mais encore? Proche de la Lettonie mais tu ne sais pas plus où elle est située, n’est-ce pas? J’arrête de te niaiser pis je t’aide un peu. Ce vieux pays a joué au yoyo avec la Suède, l’Allemagne et l’URSS au cours de sa longue histoire avant de retrouver son indépendance en 1991. Rajoute à tout ça des Finlandais, la température froide et la mer Baltique, c’est clair que ça te donne le goût de boire de la bière bien alcoolisée.
Comme ma vie est aussi mélangée que le peuple finno-ougrien de l’époque, je devais me présenter au Saint-Bock pour boire quelques bières de l’Estonie. Faut dire que la jeune Ovie m’avait un peu tordu le bras à cet effet, mais j’avoue que c’était une bonne idée. Alors au beau milieu de l’après-midi, j’avais goûté à une demi-douzaine de produits quand MA Rush m’a annoncé que Gia nous attendait au nord de Montréal. Le temps de payer le serveur, de saluer le jeune Hipster en pleine chasse et d’organiser le transport, nous étions en route.
Gia possède moult qualités, cependant, l’organisation d’une soirée n’en fait pas partie. Alors nous n’avons pu entrer au Noire & Blanche et c’en était fait de notre Granny Cougar vieillie en fût de bourbon (la sœur scientifique en a presque versé une larme). Heureusement, nous sommes allés souper à un drôle d’endroit à Ste-Thérèse, là où le punk et les structures de glace se complètent à merveille. Alors que Spitty dévoraient ses nachos à pleine bouche, Gia racontait comment elle avait réussi à s’auto-blesser aux femmes du groupe. MA Rush était sur le point de s’endormir quand les clients autour de nous se sont mis à crier. Les Canadiens venaient de marquer un but. Incroyable mais vrai, à Ste-Thérèse, on encourage encore les Glorieux même s’ils sont éliminés. Et comble du comble, MA Rush a gagné une merveilleuse Coors Light, gracieuseté de Byron Froese. Inutile de te dire que le verre de bière est demeuré pratiquement plein jusqu’à notre départ.
Question de bien terminer la soirée, notre groupe s’est dirigé vers le Saint-Graal. Une dernière consommation avant le dodo, c’est toujours une bonne idée. Le Soldat et sa douce n’ont pas suivi, mais l’homme peint sur un étrange tableau ressemblait comme deux gouttes d’eau à notre ami bourru. Vin d’orge à la main, j’observais Ovie en me disant qu’elle ferait une excellente psy. Une femme intelligente, mature, posée, presque parfaite. Je commençais quasiment à me faire des idées. Puis comme ça, Spitty lui a demandé si elle appréciait la musique de l’endroit. Pas si mal d’après elle, il ne manquait qu’un peu de rap francophone pour que ce soit sur la coche. Et c’est là qu’elle nous a parlé de Keny Arkana avec des étoiles dans les yeux. J’ai encaissé le coup sans fléchir, elle ne perdrait pas tout son charme pour si peu. Non, ce n’était pas la fin du monde. Cependant, j’étais loin de me douter du deuxième coup, fatal celui-ci. Vois-tu, j’avais observé le Hipster tout l’après-midi au Saint-Bock et j’avais enregistré quelques-unes de ses techniques. Seul un détail m’avait échappé. Et c’est lorsque ce type vêtu d’un t-shirt rouge au logo de Cool FM (seulement à Ste-Thérèse cher lecteur!) s’est interposé entre Ovie et moi, au grand bonheur de mon interlocutrice, que j’ai compris que je n’avais aucune chance de mon côté. Il me manquait malheureusement cet élément indispensable de nos jours: une esti de barbe de viking…