Voilà, le dernier membre 100% japonais de ma famille a été enterré aujourd’hui. Je n’ai pas assez connu Noboru, comme je n’ai pas assez connu mon grand-père non plus. Ils étaient des hommes droits et discrets, ils avaient des coeurs purs. Je ne sais pas si je suis digne de leur lignée, toutefois je sais que suis fier d’être un des leurs. Je ne ferai pas un toast à la mémoire de ces grands avec une Sapporo qui ne serait qu’un pâle cliché de ce qu’ils méritent. Non, je me contenterai d’un simple témoignage pour les saluer une dernière fois. Sachant que du sang nippon circulait dans mes veines depuis mon jeune âge, j’ai toujours cherché à comprendre la mentalité asiatique. Je me suis imaginé en Bruce Lee (pourtant Chinois) puis en Genghis Khan (pourtant Mongol). Tout ce qui avait une saveur pseudo-japonaise m’attirait. J’ai adopté rapidement l’étiquette de disques Banzai Records qui n’avait aucun rapport avec ce superbe pays. J’ai écouté des centaines de fois l’album de Tokyo Blade, Night of the Blade, en m’imaginant combattre des ennemis avec un sabre dans les mains. Je suis devenu un fan du band Loudness et j’ai même essayé d’aimer EZO. Je regardais les olympiques en éprouvant autant de joie devant les succès des Japonais que ceux des Canadiens. J’ai lu du Natsume Soseki et découvert son superbe roman Le Pauvre Coeur des Hommes. J’ai croisé des dizaines de sosies de mon grand-père à Vancouver et tous étaient aussi calmes et respectueux que lui. Aujourd’hui, quand j’ai rencontré les membres de ma famille, j’ai réalisé qu’une partie du soleil levant venait de s’éteindre. C’est à nous, sang-mêlé toujours en vie, à porter bien haut le katana et à poursuivre la tradition, héritage de nos ancêtres…
R.I.P. Noboru, salue mon grand-père de ma part derrière ce point rouge! ご冥福を祈ります。