Salut à toi, lecteur assidu, de passage ou perdu sur le web! Je m’appelle Roos Spekto et je suis un simple humain. Parfois plus simple qu’humain, je te le concède, mais je tente du mieux que je le peux de ne pas être exagérément con à temps plein. Trop rares sont les heures hors responsabilités et sommeil pour se permettre de continuellement les gaspiller futilement. Au moins en retirer un minimum de plaisir ou d’utilité, voilà l’objectif dans mon viseur.
Les derniers mois ont été difficiles, je ne m’en cacherai pas. Je ne suis toutefois pas à plaindre, loin de là. Tu l’as sûrement eu plus tough que moi d’ailleurs, je n’ai donc aucunement le droit de me la jouer victime et de m’apitoyer sur mon sort. Cela dit, l’inspiration n’était pas au rendez-vous, le désir de chroniquer non plus. Je m’en excuse si jamais je t’ai manqué un tant soit peu. Le timing n’était pas parfait avec la passation des pouvoirs sur la plateforme, mais peut-être que c’était un mal pour un bien. La scissure temporelle favorisera probablement l’apprivoisement de la nouvelle philosophie du site. Chose certaine, j’ai été frappé par la même démotivation que Philozique; ironique sort du destin, hein?
J’essayais de m’expliquer mon dégoût de tout, ma fuite des réseaux sociaux, mon découragement à l’endroit de l’être humain. Je nageais dans les vagues violentes d’un océan sans fin. Je sombrais dans les grisailles quotidiennes à la recherche d’un semblant de blanc ou même de noir. Voilà, tous les référents semblaient momentanément évaporés! Je ne savais plus quoi penser, vers qui pencher, vers quoi tendre. Où diantre était passé le gros bon sens? Mes valeurs profondes étaient écorchées partout, peu importe le regroupement, la direction du vent populaire, le mouvement et son contraire.
Puis une lumière est apparue, timide, en écoutant un documentaire à propos de la dérape du festival Woodstock 1999. Cette lueur s’est transformée en éclairage DEL lorsque le convoi de la liberté s’est téléporté en Ukraine. Je viens de te perdre? Laisse-moi te raconter brièvement mon cheminement imprévu…
En 1969, il y a eu ce merveilleux événement nommé Woodstock. Tout n’a pas été parfait, c’est vrai, mais il y a eu au départ une super idée et de la bonne foi. Musique, amour et paix au menu; peut-on demander mieux? Je t’épargne un cours d’histoire (tu peux poser tes questions à Jonathan le Prof ou à MA Rush si tu veux, c’est pas mon job ce bout-là!) et je passe directement en 1999. 30 ans après le festival historique et 5 ans après sa deuxième édition moins pure et plus commerciale, les organisateurs ont cru bon créer une troisième cuvée, cuvée dépouillée d’amour, d’artistes porteurs de paix, de femmes. Au final, un beau gros party parfait pour jeunes hommes blancs fâchés: on casse tout, on brûle tout, on se gâte avec la gent féminine, on ne respecte plus les règles autres que les nouvelles qu’on invente collectivement de façon aléatoire entre nous au gré des trois jours. Je te promets, lecteur intéressé, de t’écrire un article complet à propos de ce désastreux Woodstock 1999 marqué par des décès, des agressions, des viols et de la violence disgracieuse. Mon point aujourd’hui se limitera à ces mots: on ne respecte plus les règles autres que les nouvelles qu’on invente collectivement de façon aléatoire entre nous.
Je t’invite maintenant à me suivre à Ottawa en ce début de 2022 où fusionnent un mouvement de truckers, une masse de manifestants, un paquet de gens écoeurés, des organisations qui profitent de l’occasion, des citoyens ordinaires, etc. Au total, des milliers de personnes auront participé d’une façon ou d’une autre à cet événement nommé convoi de la liberté. Au fil des jours, les plus radicaux réécrivaient les règles au gré de leurs humeurs, de leurs soudains idéaux. Autour d’eux se massaient des gens qui auraient probablement été plus modérés dans d’autres circonstances. Ce n’est pas vrai que tout le monde là-bas était con, avait tort sur tout, était mal intentionné, n’avait pas raison d’être choqué… mais il y a eu une dérape. L’affaire a mal tourné. Ce n’était plus une manifestation, c’était un siège. Je fais partie des gens choqués par certaines mesures sanitaires, j’approuve les manifestations, mêmes celle qui parfois débordent. Je ne peux cependant pas appuyer un tel fiasco, d’autant plus qu’il était alimenté par une droite terriblement mal intentionnée.
Le rapport avec l’Ukraine maintenant? Vois-tu, lecteur patient, c’est que malheureusement Internet est devenu un grand terrain de jeu commun. L’humain, en groupe, devient souvent un peu plus con quand ça dérape. Je l’ai vu à Woodstock en 1999 où trop de gens pareils se sont retrouvés ensemble et se sont crinqués ensemble (avec la complicité involontaire des organisateurs). J’ai constaté le même phénomène à Ottawa (avec en prime la complicité volontaire de certains organisateurs). Pire que tout cela, je remarque maintenant l’étendue du « mal » de ces regroupements sur le Net. Peux-tu croire que des gens d’ici appuient la folie de Poutine? C’est déjà spécial en soi, mais quand on lit l’argumentaire, on chute brutalement. Ce regroupement (avec ou sans complicité de gourous quelconques) est rendu à croire que ce brave Vladimir viendra nous sauver de la dictature de nos dirigeants, de nos réseaux de pédophiles, du communisme, de Satan et de tous les maux de la société actuelle. Ai-je besoin d’en rajouter?
Je te prie de m’excuser de ne pas expliquer en long et en large mon raisonnement, je choisis la voie de sortie rapide avant de replonger dans un état trop lourd. Mais au moins j’ai compris ce que je devais comprendre pour retrouver mon chemin. Mes repères réapparaissent malgré le brouillard, ce brouillard qui n’est pas à la veille de se dissiper. Il faut absolument éviter ces distorsions de la réalité pour espérer des jours meilleurs. À défaut de changer le monde en essayant de le convaincre de quoi que ce soit, il faut d’abord se retrouver soi-même au milieu de toute cette tempête artificielle d’interférences malveillantes.
I gotta go home
My batteries are low
This life is a lockdown
I gotta go home
My batteries are low
That’s what it’s all about
Une réponse sur « Distorsions »
Excellent
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