L’idée d’une galette double est toujours accueillie par un paquet d’émotions, certaines parfois contradictoires. L’ambition pousse l’humain à de grandes choses mais aussi à des dérapages. L’annonce du projet Rionnoir excitait beaucoup tout en suscitant des craintes. Fort heureusement, une seule écoute aura suffi pour faire disparaître ces dernières.
Tant qu’à briser le suspense, détruisons-le tout de suite en vous affirmant que cette oeuvre d’Oktoplut sera au sommet de notre palmarès francophone 2021; oui le défi a été relevé à ce point avec brio! Allons-y plutôt de commentaires et d’observations pour agrémenter cette chronique, en espérant fortement que ces mots puissent vous pousser à écouter cet album si tel n’était pas votre intention.
Plusieurs personnes affirmeront être suprises par les chansons proposées sur Rionnoir, ce qui n’est pas nécessairement notre cas. On reconnaît très bien le « passé » d’Oktoplut tout au long des quinze titres (et des soixante-dix minutes!) dans ses structures et dans sa fusion des styles. Là où nos mâchoires tombent, c’est surtout dans l’exécution, dans la fluidité des transitions, dans la magie des harmonies et dans les détails qui enrobent la signature du duo. La richesse du son, toujours sale malgré son polissage, invite l’oreille et cet instrument nommé voix prend non seulement une grande place dans ce mur sonore mais s’impose pour créer des passages accrocheurs.
Laurence Fréchette et Mathieu Forcier ne se sont pas contentés de regarder le miroir pour contempler le passé, ils ont décidé de plonger à l’intérieur de celui-ci pour créer un nouvel univers, décoré certes par cet étrange concept palindromique, mais surtout pour dévoiler toute l’étendue de leur talent et de leur créativité. Si la première galette offre surtout des pièces courtes et plus près des canevas rock et punk, la deuxième propose quatre longs morceaux davantage post-rock aux allures expérimentales. Cette facilité de mélanger les styles ou les sons est fascinante: par ici le stoner punk, par là le post-doom atmosphérique; le duo ne désire clairement pas créer des trucs qui entrent dans une seule catégorie. Une petite touche d’underground des années ’80 avec ça, pourquoi pas?
En résumé, si cet album ne vous fait pas apprécier Oktoplut, probablement que la formation n’y arrivera jamais. Est-ce grave? Non, tous les goûts sont dans la nature. Tout est dans tout après tout. Cependant, par ici, ça joue pas mal non-stop!
Tout est dans tout
Dans vos regards
Tout est dans tout
Le soi est dans vos gestes
Précommande: Vinyle “RIONNOIR” de Oktoplut (album double)
