Août 1987, trois adolescents tentent le grand coup: assister au spectacle d’Anthrax au Spectrum de Montréal. Il fallait avoir 18 ans pour franchir les portes de ce temple mort en 2007 (et démoli l’années suivante). Steph passe le premier, je réussis ma mission quelques secondes après lui. Malheureusement, le bouncer arrête le dernier membre de notre trio. « T’as pas de carte, tu rentres pas! » Big Brun nous fait signe de ne pas l’attendre, il s’arrangera de son côté. C’est donc avec un mélange d’excitation et de tristesse que l’on se dirige vers la scène en maudissant cet univers d’adultes…
Testament a beau se démener en première partie, je ne suis pas vraiment dedans. Pourtant, j’apprécie énormément les pièces de l’album The Legacy, mais je pense à mon chum en train de tuer le temps dehors ou dans une arcade pas trop loin pis ça me brûle intérieurement.
Est-ce la petite bière à l’entracte ou l’intro d’Among the Living qui a changé le cours de ma soirée, je ne saurais dire, mais mon cerveau a clairement subi un puissant électrochoc dès le début du spectacle principal. Comme la mémoire est une faculté qui oublie, je ne peux nommer avec certitude toutes les chansons qui ont été jouées ce soir-là, mais je me souviens qu’à peu près tous les morceaux d’Among the Living étaient sur la setlist. J’ai failli perdre une oreille pendant Caught in a Mosh, gracieuseté d’une botte de punk lors d’un stage diving, quelques dents lors de I Am the Law… et ma vie lorsque le plancher a explosé sur Indians! À la fin du show, je suis sorti amoché, épuisé, à moitié sourd, l’oreille droite légèrement déchirée, encore saignante, souriant malgré tout avec, en prime, une des baguettes lancées par Charlie Benante.
Et Big Brun dans tout ça? Il a pris l’argent de son billet remboursé pour jouer à l’arcade et manger du fast food en observant la faune louche du coin de rue St-Laurent/Sainte-Catherine…
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