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La raison

Je tourne en rond depuis des semaines. J’écris des débuts de texte mais aucune fin. Même que parfois ça se limite à une intro inachevée. Toute l’équipe doit être dans le même mood puisque plus rien n’apparaît sur notre plateforme. J’en ai parlé à mon frère et il a mis le doigt sur le mot qui définit le mieux le phénomène présent: lassitude. Cet abattement mêlé d’ennui, de découragement et de vide existentiel qui te suce l’âme avant de te le recracher violemment au visage dans un moment de vulnérabilité, tu comprends ce que je veux dire? Le plaisir pur est parti se cacher pendant le compte de 100 pis on l’a toujours pas retrouvé. Quelqu’un devrait l’avertir que la game est finie et qu’on a arrêté de le chercher…

Si tu me décodes un peu au fil de mes écrits, t’as compris que je suis un être perturbé qui ne possède pas le trousseau des fameuses clés magiques, celles qui donnent les réponses absolues aux grandes questions. On m’a souvent dit que j’avais un coffre à outils bien garni, mais à quoi bon quand tu ne sais pas t’en servir correctement, quand tu serres trop fort lorsque c’est pas le temps ou quand ta canette de WD-40 a vicieusement lubrifié 80% du contenu? Alors au final, je prends toujours le même tournevis, la même pince pis le même bon vieux marteau pour faire mon chemin, pour bâtir mon raisonnement, pour faire ma place. Ma job de finition laisse à désirer mais je m’en contente, conscient je suis de mes limites et de mes ambitions.

Ce qui me tue présentement, c’est le manque de fun, c’est l’absence d’innocence, c’est la somme des déchirements, c’est le clash des raisons à cinq cennes des uns et des autres. Tout le monde y va de son commentaire sur tout avec une pseudo-assurance qui me dépasse. T’en sais quoi au juste? Si de grands scientifiques et de reconnus spécialistes sont encore loin d’un semblant de consensus, t’es qui dans ton salon devant ton écran pour faire la morale aux autres? Surtout quand ça te concerne pas. C’est le bout qui me rentre le plus dedans à part la disparition du plaisir. Ça te fait pas capoter, lecteur sensible, quand tu lis ou entends des gens sans enfant décider du sort de ceux-ci et des écoles? des jeunes décider du sort des vieux sans considération pour eux? des gens en région décider du sort des Montréalais? Tu peux en rajouter mais n’oublie pas d’inclure DÉCIDER DU SORT, car c’est ici que le bât blesse. Perso, je suis qui pour trancher si catégoriquement pour tes enfants, pour les gens âgés, pour les habitants de Montréal-Nord, pour les gens à risque? C’est si facile, si facile…

Déjà que les gens concernés ne s’entendent pas, faut-il ajouter notre grain de sel? Est-ce pertinent d’agrémenter le tout avec rudesse et impolitesse? Surtout qu’au final, quand on analyse le contenu de l’argumentaire, c’est souvent flou, peu appuyé et nappé d’une forte sauce au JE. La majorité, voire la quasi-totalité, des opinions sont des reflets d’un intérêt personnel. Ma vision de gars seul anxieux qui s’ennuie de sa maîtresse est fort différente de celle de la mère monoparentale responsable de trois enfants, de celle du fraîchement retraité qui croyait profiter de la vie, de celle de la famille parfaite, de celle de l’infirmière, de celle de l’anti-social, de celle du malade, de celle du gamer, de celle du workaholic, de celle de l’enseignante au primaire, de celle du pogné à l’intérieur des murs d’un CHSLD contaminé…

Je m’en vais où avec tout ça? Nulle part et partout à la fois, comme le reste de l’univers. Cependant, j’ai un objectif en tête. Je dois commencer par ignorer les nuages gris artificiellement soufflés dans le ciel au-dessus de ma tête et les arcs-en-ciel proposés par les charlatans en manque d’attention, puis recommencer à provoquer le plaisir afin qu’il puisse enfin de sortir de sa cachette. Ta raison, sa raison, ma raison… ça suffit! Retrouvons tout simplement la raison.

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