T’as raté le Heavy Montreal 2018? J’espère que tu as une bonne raison, parce que c’était un maudit beau party. Il y en avait pour tous les goûts, c’était vraiment facile fuir un groupe détesté pour en trouver un qui faisait ton affaire. Quatre scènes, un ring pis des aires de repos si le besoin se manifestait, avoue qu’il faut être de mauvaise fois pour dire qu’il n’y avait rien de bon là-bas. À moins de ne pas aimer le Metal évidemment…
Le samedi, la fête a commencé vraiment tôt. En fait, dès qu’on a aperçu le beer truck qui vendait autre chose que de l’esti de pisse capitaliste. Tu me diras que TDD, Brasseurs de Montréal et les autres brasseries présentes sont toutes des propriétés du géant Molson, tu marques un point, mais boire un bon produit sera toujours mieux que de se taper un liquide insignifiant. Si t’aimes sincèrement le goût de la Coors Light ou de la Molson Canadian, c’est clair que tu ne comprends pas mon point de vue, mais c’est pas grave. On peut continuer à s’aimer pareil, hein?
Pallbearer m’a fait plaisir avec sa lourdeur et sa lenteur déconcertantes. MA Rush était tellement excité qu’il a eu droit à un impressionnant cumshot en tentant de se crémer la face, question de se protéger du soleil de plomb. La fille à shooters n’en revenait pas, même quinze minutes plus tard, parce qu’il avait encore un motton dans le front. Spitty et Kustard auraient bien pu l’essuyer, mais par orgueil ou par principe, personne ne s’est proposé. Au moins ce n’est pas arrivé pendant le show de Lee Aaron!
Sword et Baroness ont valu à eux deux le prix d’entrée de la journée. Si Sword a séduit la foule avec son Old School Metal, avec en prime une nouvelle chanson d’un futur album à paraître prochainement, Baroness a frappé un grand coup en proposant de solides pièces de tous leurs albums. C’est la première fois que je voyais Gina Gleason, nouvelle guitariste du band depuis un an, et son jeu m’a jeté par terre. Sans te parler de sa beauté époustouflante. Un coup de foudre intense, mon ami! J’aurais laissé tomber mon célibat n’importe quand si elle me l’avait demandé…
Contrairement à Philozique, Witchcraft ne m’a pas trop excité le poil en live; je les préfère dans le confort de mon divan ou de mon char. Pas mauvais, loin de là, mais après ce que j’avais vu, je trouvais pas le timing idéal; c’était peut-être juste ça l’affaire. Après mon repas au food truck Dic Ann’s, quoi de mieux que du Napalm Death pour digérer! MA Rush n’était pas d’accord avec Kustard et moi; pardonne-lui son écart, lecteur méfiant, il ne pige pas du tout la démarche artistique du groupe anglais. Ne le taquine pas trop, il file un mauvais coton ces temps-ci. À cause de ses nombreuses prétendantes? Non, ne t’inquiète pas pour lui de ce côté-là, sa gueule de Sting provoque encore positivement la gent féminine. En fait, pour lui, l’art doit rentrer dans des cases mieux définies. Un peu comme ce que fait Robert Lepage mettons. Napalm Death, c’est trop brouillon, trop échevelé.
Je ne sais pas si notre discussion artistique a provoqué ce qui s’en venait, mais le ciel s’est joyeusement assombri. Après une enième bière, on attendait Marily Manson en se demandant si on ne perdait pas notre précieux temps, ce temps qui passe si vite d’après Spit, lui qui pensait avoir vu Manson il y a trois ans à Montebello alors que c’était en 2013. Presque quinze minutes après l’heure annoncée (et après deux faux départs), l’étrange artiste est apparu sur scène. Visiblement en mauvaise forme physique ou mentale, l’homme maquillé titubait et grommelait tant bien que mal. Du début jusqu’à notre départ. Deux vagues d’opinions s’affrontaient à l’image d’un wall of death: ou bien Manson a livré toute une performance malgré son état enrhumé… ou bien il a donné une piètre prestation s’il feignait la maladie; à toi de choisir ton camp, lecteur avisé. Et c’est là que l’orage s’est abattu sur nos têtes. Ça tombait en sacrament pour être poli. À peu près un quart d’heure de colère céleste. Assez pour être mouillé comme si j’avais plongé tout habillé dans la piscine privée d’une inconnue à St-Lambert, là où les gens n’aiment pas certains bruits. La vierge Marie a tellement crevé ses eaux que des lacs se sont formés un peu partout sur le site. Kustard et Spitty ont préféré quitter pour ne pas ressembler à Manson le lendemain…
Un peu de Jinjer, de Emperor et de Between the Buried and Me pour moi avant de quitter les lieux, laissant MA Rush au milieu de son nuage personnel pendant le show de ces derniers. Le type planait littéralement alors que je marchais péniblement en direction du métro qui me semblait à l’autre bout du monde. À ce moment précis, mon cerveau avait du mal à croire que je serais prêt à recommencer tout ça dans quelques heures. Et pourtant, malgré les courbatures et le manque de sommeil, le dimanche a été tout aussi plaisant (et pas mal plus sec) avec des spectacles mémorables de Power Trip, Voivod, Khemmis et, bien sûr, Gojira. Un jour, je t’écrirai peut-être un truc à propos de mon expérience avec Helix, mais ce n’est pas le bon moment présentement. On s’en reparle cher ami!