Ouais ben cela aura été une maudite belle virée cette année au Mondial de la Bière. Question de ne pas se faire dire que tel produit n’était plus disponible, on a décidé de se rendre tôt au Palais des Congrès en cette première journée de cette 25e édition. Je suis arrivé sur les lieux du crime vers 16h00, c’est-à-dire trois consommations après mon frère, accompagné du jeune Hipster qui était allumé comme un adolescent en rut. Était-ce à cause du menu bière ou de la crowd, ou des deux, je ne saurais vous dire, mais sa débordante effervescence a peut-être causé les problèmes techniques éprouvés par le système de paiement. Sérieusement, j’en profite pour passer un message aux organisateurs du Mondial: arrangez-vous pour que ça ne se reproduise plus SVP! Avez-vous idée de la souffrance mentale subie pendant ces longues minutes? Un gosier sec prisonnier d’une ligne d’attente indéfinie envoie une série de S.O.S. intérieurs au cerveau; il s’agit d’une très pénible expérience que je ne souhaite à personne, vraiment.
Fort heureusement, on a fini par mettre plusieurs dizaines de dollars sur nos cartes plastifiées avant que Rio ne termine sa quatrième sélection. Ovie, The Rock et Karisma sont alors apparus comme par magie, verres remplis d’un liquide rouge fort gouleyant en mains. De l’Atrial Rubicite il paraît, brassée au Texas chez Jester King. Très beau et bon produit puis-je affirmer après une mini gorgée volée à l’un d’eux. Si tu veux en savoir plus, lecteur connaisseur, tu liras la chronique de l’ami Houblon P. qui en buvait lui aussi quand je l’ai croisé un peu plus tôt. Ou était-ce un peu plus tard? De toute façon, on l’a perdu aussi tôt aperçu, l’homme planant perpétuellement d’un kiosque à l’autre.
Après le sixième verre de Rio, l’ambiance relativement calme s’est un peu brouillée. Un type n’appréciait pas trop la musique; du karaoké de mauvais goût prétendait-il avec vigueur. Et quand il a entendu un cover de Zombie, il est devenu hystérique. « Il n’y a qu’une Dolores O’Riordan, bande de cons, le reste c’est de la marde! Bad Wolves, c’est aussi mauvais que son nom!!! » J’ai alors reconnu sa voix, puis sa face quand il s’est approché. C’était Gama et son état avancé ne laissait aucun doute. En grande forme le Gama, pour le meilleur et pour le pire.
La partie extérieure du Mondial laisse à désirer depuis au moins deux ans, mais ça fait néanmoins du bien de sortir quelques instants afin de prendre l’air et casser la croûte. Mon frère quasi-vegan s’est alors lancé dans sa poutine et sur les saucisses du Hipster et de son ami Seth Rogen Jr. Un moment magique où le comique et le malaise flirtaient à merveille. Karisma jouissait du spectacle.
Autour de la quinzième consommation du frangin, j’ai réalisé que notre amie Andie était parmi nous devant le kiosque LTM, là où nous avons flambé une jolie somme au cours de notre beuverie. Que voulez-vous, la Dixième et le Porter Baltique édition spéciale nous provoquaient à chaque passage. Andie, c’est pas n’importe qui. Du feu dans les yeux et une énergie hors de l’ordinaire. Un genre de pitbull sensible mettons. Charmante à souhait mais diantre que je ne l’écoeurerais pas celle-là. Elle doit te découper en petits morceaux si tu franchis la ligne interdite et faire disparaître tes restes dans le temps de crier cabrón! Je te jure que la braise dans ses yeux n’est pas de la frime. Quand elle a dévisagé Karisma en lui expliquant que la baise est meilleure quand ça fait mal, t’aurais dû voir le créateur d’ambiance fondre dans ses culottes. Maricón! a soufflé Rio à l’oreille de Karisma avant de rire aux éclats.
C’était l’heure de ma dernière dégustation; donc à mon tour cette Atrial Rubicite! Mais scénario d’horreur, il n’y en avait déjà plus. Faut croire que tout se passe dans les premières heures de la première journée… Je me suis alors rabattu sur une dark sour chez Overhop accompagnée d’Ovie qui en a profité pour s’acheter deux splendides verres. La fille était vraiment heureuse, elle avait passé une belle soirée et il lui restait juste assez de sous pour se payer ces deux souvenirs. Pas toujours facile la vie à cet âge-là…
Une trentaine de minutes plus tard, deux gardiens de sécurité (puis trois autres successivement) nous ont demandé de quitter les lieux puisque l’événement était officiellement terminé pour la journée. Le Hipster a protesté pour la forme, Rio a volé le verre de Karisma à moitié plein et Rogen Jr avait envie de pisser, ce qui a possiblement stimulé le besoin d’Ovie puisqu’elle a rapidement quitté le groupe en direction des toilettes. Jr avait beau courir, il ne réussissait pas à la rejoindre, ce qui nous bidonnait follement. Du moins jusqu’au moment fatidique. Ovie marchait peut-être à une vitesse impressionnante, mais son trajet n’empruntait pas une ligne parfaitement droite. Et ce qui devait arriver est arrivé. Un peu mal alignée rendue en face du corridor donnant accès à la délivrance urinaire, l’épaule droite d’Ovie a fait connaissance avec un mur nommé Béton. Celui-ci n’a pas bougé, contrairement à Ovie qui s’est retrouvée étendue sur le dos, au milieu de liquides douteux et de morceaux de vitre brisée. Adieu les deux souvenirs du Mondial, ce sera pour une prochaine fois! Au lieu de s’apitoyer sur son sort, Ovie a tenté de se lever une première fois, en vain. Un agent de sécurité est alors venu à sa rescousse; un beau barbu qui est vite tombé dans l’oeil d’Ovie et Andie. De mon frère aussi je crois. Et lorsque ce viking a aidé notre amie à se relever, j’ai entendu Ovie lui dire tendrement: « C’est vrai que c’est bon quand ça fait mal! »
Inutile de te raconter la suite n’est-ce pas?