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bière chronique

Pacte diabolique

Une réflexion de H. Philozique 

La rumeur qui flottait depuis des lunes s’est finalement concrétisée. Le Trou du Diable devient la propriété du géant Molson Coors, dans la division Six Pints pour être précis (Granville, Creemore, Brasseur de Montréal). Une transaction qui ne laisse personne indifférent dans le milieu; les médias sociaux sont en feu depuis l’annonce officielle! Alors posons-nous immédiatement la question qui tue: TDD a-t-il conclu un pacte avec le vrai diable?

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Depuis quelques années, plusieurs microbrasseries ont été acquises par les grandes brasseries industrielles. En Amérique du Nord, on a vu certains de nos valeureux brasseurs préférés passer de l’autre côté de la force, comme Lagunitas, Goose Island et Ballast Point entre autres. À chaque fois, un pincement au cœur pour l’amateur un peu plus puriste. Pourquoi l’aspirateur capitaliste doit-il toujours tenter de tout avaler sur son passage? Cette amertume additionnelle n’est tellement pas nécessaire.

Pour être honnête, je comprends tout à fait ce qui peut pousser un brasseur à accepter les millions de dollars du gros méchant. Imaginez, vous avez créé un beau produit, on vous vante à gauche et à droite, vous embarquez dans une spirale puis l’excitation valse avec le vertige. L’ambition s’empare de vous et peut-être même que l’insécurité s’invite à la fête. Du jour au lendemain, une offre se présente à vous: adieu les soucis financiers, bye bye l’insécurité, possibilité de voir vos petits bébés devenir de grands joueurs sur de nouveaux terrains de jeu. Faut-il lancer la pierre à ceux qui vendent? Non. Mais…

C’est là que l’individu que vous êtes a également son mot à dire. Vous déciderez où dépenser votre argent si durement gagné. Ce bout-là vous appartient, vous avez le droit de bouder ces propriétés industrielles et d’encourager d’autres microbrasseries qui n’attendent d’ailleurs que cela. En autres mots, si vous êtes de type « achat local », « petite entreprise » et/ou « modèle d’affaire centré sur la relation artisan-client », il est clair que TDD vient de prendre le champ. Pas question d’encourager la multinationale Molson Coors, ses propriétaires millionnaires et ses actionnaires assoiffés de rendement.

D’un autre côté, il y a aussi le client strictement intéressé par le produit, la disponibilité de celui-ci et son prix. Probablement que cette transaction est le moindre de ses soucis. Peut-être même qu’il s’en trouvera mieux servi. Un inconditionnel de TDD dans certaines régions criera sûrement victoire en brandissant le poing en l’air, ou ses devil horns n’est-ce pas?

Et moi, j’en pense quoi au final? Ça me déplaît plus qu’autre chose même si Le Trou du Diable n’est pas si diabolique que ça. Heureusement, le choix est vaste par ici, Montréal présente une offre de produits exceptionnellement remarquable. TDD ne sera plus sur ma liste des bières à absolument goûter. Je serai heureux d’en boire lorsque je visiterai un endroit où l’on ne sert que les produits Molson Coors par exemple, mais sans plus. Et j’espère secrètement que les habituels consommateurs de bières génériques déjà fidèles aux brasseries industrielles découvriront autre chose et passeront éventuellement du bon côté de la force… Bien quoi, on peut bien rêver un peu, non?

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