Treize ans déjà que dEBOUT est sur la playlist de Philozique. Treize ans que les rythmes et les mots de cet album tournent dans la tête du mélomane possédé. Pourtant, ce chef-d’oeuvre est loin d’être connu de tous. Retour sur cette superbe galette signée Éric Goulet, Nicolas Jouannaut et Olivier Renaldin.
perdu devant la table de multiplication des mots
j’essaie de lire entre les lignes
les lignes qui séparent les petits mots des gros
les vilains des beaux et les vrais maux des faux
peut-être que j’ai pas ce qu’il faut
C’est sur ces mots que démarre avoir ce qu’il faut, la première pièce de dEBOUT. À noter l’absence des majuscules, sauf dans le titre de l’album; une invitation à se tenir debout? Allez, redressons-nous, nous aurons ce qu’il faut! Malgré le doute, malgré tout, malgré nous. Puis arrive le risque de l’habitude, plus rapide et plus déterminé, il faut aller danser vers le danger. Surtout avant ce debout qui nous jette à genoux dans la boue avec sa lourdeur inquiétante. Et ce n’est pas ce tout ne vaut rien qui va nous rassurer…
Un petit duvet instrumental nous permet de repenser à notre plan de match. Nous pouvons désormais plonger dans le déluge avec cet entraînant d’un seul coup, un grand moment de cette rondelle.
j’ai vu le ciel s’ouvrir sous tes pieds
le chant de la mer s’envolait de tes lèvres
pour une seconde nos voix ne disaient rien
le poids du monde ne pesait rien du tout
d’un seul coup
Coup de théâtre, nous nous retrouvons en pleine fuite avec l’attaque. Vite, il faut se sauver seul, personne ne peut nous aider. Où est l’être aimé, notre plus grand allié? Deuxième entracte instrumental, duel, pour trouver des réponses. Ça fait tellement mal quand du noir au jaune nous envahit l’esprit, mais c’est tellement beau… tout comme le manteau couleur d’ombre qui nous avale à petite dose sous l’oeil témoin d’une personne inconnue derrière sa fenêtre.
Le troisième chapitre instrumental, duo, est un baume instantané. Un pur bijou pour l’âme et les oreilles. La poussée dans le dos qu’il nous fallait pour nous relever. En dépit de nos amours qui sentent le chien mouillé, nous reprenons notre chemin, la tête en caoutchouc, avec l’espoir de jours meilleurs. Chose certaine, ces 46 minutes auront su nous accompagner dans le tumulte à plus d’une occasion…
https://ericgoulet.bandcamp.com/album/debout