Chronique de Roos Spekto
Je sais, je n’ai pas l’autorisation de rédiger un chapitre de la rubrique « album culte » sur la plateforme philozique.com. Ça me fait un peu chier parce que j’ai une meilleure plume que la majorité des collaborateurs réguliers du site. Anyways, je vais contourner l’affaire en partageant avec les (mes) lecteurs mon amour pour l’album Ride the Lightning de Metallica paru en 1984 sous l’étiquette Megaforce Records. J’ai encore mon vinyle version Banzai pour le prouver. Je te jure que MA Rush serait jaloux en maudit s’il le voyait…
Pourquoi je te jase de ça aujourd’hui? C’est parce que je roule sur les routes de la côte est américaine ces temps-ci. J’ai abusé de la bouteille et des femmes dans le nord (NY/NJ) mais je me suis repris un peu en main depuis. J’attends encore de savoir si je vais rejoindre Le Pro du Club à quelque part dans les gradins d’un stade ou si je vire de bord en Caroline du sud. Chose certaine, je ne me rendrai pas en Floride pour croiser Philozique et sa gang. S’ils voulaient me voir, ils n’avaient qu’à m’inviter dès le départ. Pas un bouche-trou le Roos Spekto!
Qui dit route dit également musique. Et quand tu pars pour un bout, tu apportes avec toi quelques valeurs sûres. Parmi celles-ci, j’avais glissé cette deuxième galette de Metallica. Cet album-là, c’est de la dynamite de la première à la dernière note. La meilleure rondelle du groupe. Tu peux m’obstiner et pousser pour Master of Puppets ou … And Justice for All, je pense que t’as des arguments. L’album éponyme? Pas vraiment d’accord mais j’accepterais un semblant de débat. Les autres? No fucking way! Aucune discussion possible…
Un microsillon qui starte avec un missile comme Fight Fire with Fire, c’est déjà un gage de succès. Une intro harmonieuse déchiquetée par des rythmes endiablés, ça ne peut que se répercuter sur ta pédale à gaz! À chaque fois que ça joue, je cours le risque de me claquer une solide contravention pour excès de vitesse; j’exagère même pas. Pis c’est pas ben ben mieux avec Ride the Lightning qui embarque dans le tumulte de la conclusion.
Flash before my eyes
Now it’s time to die
Burning in my brain
I can feel the pain
Qui sont ces gens pour juger? Pour me juger? Je sens très bien cette chaise électrique qui me retient avant de lancer sa charge ultime. J’ai joué avec le feu, avec les sentiments des gens, je l’avoue. Mais on a joué avec moi, on s’est joué de moi, on a joué sans moi. La vie est un jeu. Ceux qui décident des règles sont les plus dangereux.
La bass guitar de feu Cliff me ramène à l’oeuvre. For Whom the Bells Toll résonne dans l’habitacle. 32 ans déjà? Incroyable. Aucune arène sportive digne de ce nom n’ignore ce morceau pour survolter une foule. Un classique parmi les classiques. Et celui qui le suit est peut-être la plus imposante pièce de Metallica, définitivement ma préférée en tout cas. Fade to Black, cher ami. C’est pas le temps de niaiser pendant les sept minutes de ce chef-d’oeuvre. L’intensité dégagée, la justesse du jeu de Kirk, la puissance des mots de James. Putains de frissons à chaque écoute depuis mes 14 ans. À chaque fois que j’ai pensé en finir avec cette salope de vie.
Life it seems, will fade away
Drifting further every day
Getting lost within myself
Nothing matters no one else
I have lost the will to live
Simply nothing more to give
There is nothing more for me
Need the end to set me free
Bordel de merde que ça me remue ce truc. Et ma psy qui veut m’empêcher de l’écouter. Pas bon pour moi qu’elle dit. C’est ça, fais ce que je dis, pas ce que je fais. En plein le pourquoi j’ai souvent des idées troubles. Pourquoi les gens tentent-ils toujours de décider pour nous? Ça m’emmerde cette philosophie. Et la pression qui vient avec les attentes. A-t-on juste oublié le sens de la vie en imposant tous ces moules de société?
À chaque fois que Trapped Under Ice débute, deux souvenirs reviennent à la surface. Le premier est un extrait de roman lu ou d’un film vu. Un homme pris sous la glace qui a cédé sous son poids. Je jurerais qu’il s’agit d’Agaguk. Le type se débat pour sa vie. Sous la glace, éloigné du trou par le courant, il tente de briser celle-ci avec son couteau. Contrairement aux paroles de la chanson, le personnage réussit à survivre. La société est parfois une prison de glace à mes yeux où il m’est difficile de respirer. Fin de la parenthèse. L’autre souvenir? Très banal. Ça me rappelle que je devais manuellement arrêter ma table tournante après Fade to Black pour changer la face de mon vinyle. Et juste avant Trapped Under Ice, il y avait toujours ce petit « pop », imperfection marquante typique d’un disque trop écouté (et mal entretenu). Une charmante note involontaire, une touche humaine chaleureuse…
Out for my own, out to be free
One with my mind, they just can’t see
No need to hear things that they say
Life’s for my own to live my own way
À croire que le « pop » était prédestiné lorsqu’on s’attarde aux paroles de Escape. Le narrateur n’en peut plus de ce monde artificiel et dur. La solution? Prendre seul les choses en main: ne se fier à personne, avancer selon ses propres convictions, conserver ses carapaces. L’humain n’est pas toujours digne de confiance, méfiez-vous des autres. Compris, Linda?
Creeping Death déchire le court silence. Du thrash comme il fait bon entendre afin de purger le mauvais en soi. Pas besoin d’être en Égypte pour sentir qu’on est l’élu. La mort rampante nous choisit peu importe notre localisation. Dans mon cas, c’est ici sur la route. Pour tuer ou pour mourir. Morceau à ne pas faire entendre à ces fanatiques religieux fragiles de l’esprit qui pourraient le prendre au premier niveau! Chose certaine, je ne serai pas l’agneau sacrifié. Terminé ce temps…
La sublime instrumentale The Call of Ktulu clôt de façon magistrale cette rondelle exceptionnelle. Elle apaise le mal intérieur tout en invitant l’auditeur à demeurer aux aguets avec son ambiance suffisamment malsaine. À l’image du monde d’aujourd’hui qui se veut un endroit vivable mais peu accueillant et artificiellement généreux.
Bon, j’arrête pour mettre du gaz avant de tirer une pisse pis je recommence l’aventure pour un autre 3/4 d’heure en descendant vers le sud…
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Pour en savoir plus sur le périple de Roos Spekto, c’est ici: Routes américaines
Ou sur le gars lui-même, cliquez sur l’onglet à son nom en haut de page!
Une réponse sur « Ride the Lightning »
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