ROOS SPEKTO

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Le point de rencontre était le Cheval Blanc. Malgré le soleil qui se permettait une rare percée, le Soldat avait choisi de siroter son premier vin d’orge de la journée à l’intérieur de l’établissement légendaire. MA Rush l’accompagnait en silence en textant à l’une de ses admiratrices, de plus en plus nombreuses doit-on spécifier.

Kustard et moi n’avons perdu aucune seconde pour commander une première consommation. Ce Kong-Kong vieilli en fût de cognac est tellement incroyable qu’on ne peut s’en passer quand on est dans le coin. Et en prendre un deuxième quand mon frère Rio pointe sa sale tronche.

De quoi parle cinq gars autour d’une bière un mercredi soir? D’amour, de politique, de problèmes sociaux. Même si la serveuse est jolie, même si MA Rush texte à un rythme olympique et même si le printemps excite les sens; ça vous en bouche un coin n’est-ce pas?

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Après un souper au St-Bock, il était temps de se séparer de Rio le pas métalleux du groupe et de se diriger vers le Métropolis, là où se produisent Prong, Sepultura et Testament. Est-ce la pinte de cette IPA Sanguinaire qui a causé des flammèches dans le cerveau de mon frère? Résultat: il décide de s’acheter un billet afin de poursuivre sa soirée avec nous. Heureusement, nous n’avons pas à prendre un escalier mobile aujourd’hui…

À lire: Rio le plongeur

Prong est déjà en train de détruire les tympans quand nous arrivons au Métropolis. Le Soldat et moi nous installons à quelques pieds de la scène. Un bel apéritif comme on dit dans le milieu. Le batteur hyperactif en met plein les yeux alors que ses deux compagnons prennent toute la place à l’avant, petite place ceci dit. Lorsque Snap Your Fingers, Snap Your Nack, je dois vous avouer que je suis kinké; ça me replonge au milieu des années ’90, une des plus belles époques de ma vie. Comme au Bleu et Noir, je chante cet hymne contagieux:

Nothing breeds more contempt for this world
Than memories now formed
Every moment a new seed
Is grown to no reason the trouble unfolds

For the trials of today
I’m no jury really don’t care how you feel
The pleasant notion of miraculous change
Drifts into multiple jeers, jeers, jeers

You want the good life, you break your back
You snap your fingers, you snap your neck

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Quand Sepultura débute sa prestation, Kustard perd le contrôle de son corps. MA Rush ne peut malheureusement plus texter car il doit tenir les lunettes du Kaptain qui thrashe tel un sanglier en colère. Il est peut-être petit, mais on l’aperçoit en tout temps grâce à sa cape. Est-elle collée à son corps? On ne sait pas, mais par miracle elle résiste à tous les coups…

Rio, lui, est planté en avant et fixe de façon insistante le chanteur brésilien. Une pièce d’homme comme il ne s’en fait pas beaucoup. Du muscle, de la grâce, du style, de la puissance. Mon frère a clairement des idées en tête. Et ce ne sont pas les canettes de Molson Canadian qui le calmeront!

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Au tour de Testament de bombarder la foule. L’artillerie lourde du band inspire la foule, ça bouge allègrement dans mon coin. Rio est disparu. MA Rush tient des lunettes, le Soldat repousse des thrashés et Kustard voyage dans sa tête et dans le pit. Le Stud? Non, il n’est pas là. Le pauvre ne sort plus depuis que son pool de hockey est en chute libre. Une petite bête orgueilleuse. Je suis impressionné par le jeu des guitaristes, particulièrement par celui d’Alex Skolnick. Qui a dit que le thrash était un style brouillon? Pas mal de précision dans mes oreilles en tout cas. Seul bémol, la voix de Chuck est un peu enterrée à l’avant, mais rien de dramatique pour autant. Une belle setlist qui mélange les hits des années ’80 et les morceaux plus récents. Les gens sont heureux, la messe métallique atteint son objectif!

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En quittant les lieux un peu amoché, je me demande si mon frère est encore dans les environs. C’est à ce moment précis que je reçois un texto de sa part. Ne t’inquiète pas mon Bro, je suis entre bonnes mains. Je quitte vers Toronto cette nuit avec les boys de Sepultura. Je te raconte tout ça à mon retour. Ciao!

27 avril 2017 spektophiles.com

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Ami lecteur, il t’est déjà arrivé de vivre deux aventures très similaires à quelques jours d’intervalle? Laisse-moi te raconter mon vendredi, qui ressemble au précédent, et ça te fera sûrement penser à une situation semblable version toi-même…

16h00, à quelques enjambées du Benelux, endroit idéal pour bien débuter une soirée. La Spektomobile est stationnée de façon stratégique sur Ste-Famille. Mon frère Rio vient de me texter. Il arrive dans une quinzaine de minutes. J’ai tout mon temps pour prendre un peu d’air et une dernière bouteille d’eau. Une autre belle fiesta se dessine à l’horizon. Deux arrêts intéressants: Benelux et Club Soda. Le premier pour la bière et l’ambiance, le deuxième pour une messe musicale, avec Rouge Pompier comme tête d’affiche. La mission des deux frères est simple; il faut se contrôler un peu mieux que la semaine passée! Comment on fait ça? En buvant moins, surtout pour starter l’affaire!

https://spektophiles.com/2016/04/17/the-rock-sans-le-rock/

Le Stud n’étant pas de la partie, ça devrait aider. Vois-tu, Spektolecteur, Le Stud est une machine. Pas juste une machine à boire, oh que non, mais une machine à danser, à chanter, à festoyer. Le type entraîne tout sur son passage: femmes, consommations, trashers! Rien ne lui résiste. Et quand il est là, Rio et moi tentons de le suivre, avec plus ou moins de succès au final. Surtout le lendemain. Le Stud se lève comme si de rien n’était. Il fait l’amour à sa blonde deux ou trois fois selon son humeur, prend son petit déjeuner (dans son cas, « grand » déjeuner serait de mise), va travailler (à la job ou dans le bois), revient à la maison et recommence à consommer sans modération. Une machine que je disais. Mais fuck Le Stud aujourd’hui, il n’est pas des nôtres, contrairement à The Rock qui a décidé de venir une fois de plus prendre quelques consommations avec ses potes. Le petit frère, lui? Désolé de te décevoir, mais Phil a encore passé son tour. Sûrement en train de téter sa mère pour un souper gratis pis pour se faire dire qu’il est beau et gentil le Philou…

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Tout ça pour dire que Rio et moi avons été raisonnables au Benelux contrairement à vendredi dernier au DDC! Seulement 4 bières chacun, une seule bière forte dans le lot. On marchait presque droit sur Sherbrooke pis sur St-Laurent. Tranquilles, tu dis? Mets-en! Même si Dubby est venu nous rejoindre vers 17h00. Je te jure qu’il a tout fait pour nous faire boire davantage. Il riait même de Rio quand celui-ci commandait un verre au lieu d’une pinte. De la provocation, rien de moins. Nous autres, on respectait pourtant son choix de ne pas venir au show de Rouge Pompier. On ne cherchait pas à le tenter inutilement, on savait qu’il devait retourner à la maison pour s’occuper de sa progéniture. On a peut-être pas toujours de l’allure, Rio et moi, mais on a des valeurs et des principes! On respecte le gros bon sens quand nos héritiers sont dans l’équation. Mais c’est pas grave, on était heureux de le voir, même quand lui et The Rock nous cassaient les oreilles avec leurs idéaux de droite et leurs discussions de comptables à bas bruns. Deux bizarres un peu trop straight, à part le fait qu’ils aiment le sexe rough; ça m’étonne d’ailleurs…

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Dès notre entrée au Club Soda, deux pintes de Boréale IPA sont apparues dans nos mains. Deux parce que Dubby et The Rock ne nous avaient pas suivis. Heureusement d’ailleurs. The Rock étant trop bien habillé malgré l’absence de stylo dans sa poche de chemise (sa chemise n’avait aucune poche cette fois-ci) et Dubby étant trop agressif devant des vélos laissés sans défense. Cependant, l’ami Philozique était bien content de nous voir près du stage. Il captait un maximum d’informations pour rédiger un compte-rendu de l’événement digne de mention. Pas facile avec cinq bands le même soir, paraît-il, pfffff…. Il a même demandé à Rio de prendre des photos pour lui. C’est là que les choses ont commencé à se gâter, du moins entre lui et mon frère! En fait, c’est à la fin de la prestation de Rouge Pompier que Philozique a explosé. Lorsqu’il a vu les photos pour être précis. Je ne l’avais jamais vu fâché de la sorte. Plusieurs personnes trouvent qu’on se ressemble beaucoup, Philozique et moi. Laisse-moi te dire, fidèle lecteur (si tu t’es rendu jusqu’ici), que lorsqu’il tombe en mode agressif, c’est vrai que nous sommes deux copies conformes! Il voulait arracher la tête de Rio, le traitait de tous les noms imaginables, invoquait la famille divine aux deux mots et vargeait sur mon frère à grands coups de poing dans les côtes comme s’il s’imaginait dans Punch Out. C’était très drôle, émouvant même. Rio s’excusait, se protégeait du mieux qu’il le pouvait et tentait de ne pas rire tellement la situation l’amusait. Rio est comme ça, les malaises et les réactions qu’il provoque l’excitent au plus haut point. M’en suis-je mêlé? Avoue que tu veux savoir! La réponse: non!!! Je me suis contenté de regarder les photos pour satisfaire ma curiosité; laisse-moi te dire que c’était hilarant. Ça m’a pris une autre pinte pour réhydrater cette gorge trop déployée. Je t’en montre quelques exemples:

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Pour résumer la soirée en quelques lignes, j’affirmerais que c’était une mautadite belle soirée un brin moins arrosée que la semaine passée mais pas ben ben plus intelligente. On a malheureusement raté Noé Talbot, puis apprécié Athena, Les Conards à l’Orange et Kamakazi avant d’halluciner lors de la performance musclée de Rouge Pompier. Un show d’une intensité et d’une bonne humeur difficilement égalables. Un stage central avec des fans tout autour. Des nouvelles tounes jouées avec enthousiasme et reçues avec chaleur de la part de la foule. Un partage d’énergie et de joie de vivre. Un moment privilégié. Il fallait trancher entre Les Goules et Rouge Pompier ce soir, ce n’est que partie remise pour le premier groupe. À ce compte-là, c’est partie remise pour le second également, c’était juste trop bon!

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Incroyable mais vrai, Rio m’a supplié de quitter les lieux assez tôt sans aller prendre un dernier verre à quelque part. Il voulait être en forme le lendemain. Il allait justement voir Les Goules à St-Hyacinthe. Pour se faire pardonner et pour calmer Philozique, il lui a promis des photos de grande qualité en direct du bar Le Zaricot. Tout est bien qui finit bien cette fois-ci, n’est-ce pas?

P-S: Philozique ne le sait pas encore, mais j’ai quelques photos potables pour son blogue…

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24 avril 2016 spektophiles.com

Nevermind Pompier2

SAUTE PAS DU PONT

Accuse-moi pas d’avoir trop bu ce soir, j’te jure que j’ai pas calé mon six pack devant ma télé. J’me suis peut-être pas contenté de boire de l’eau pis du Coke Zéro, mais tire pas de conclusions trop hâtives.

J’allais m’endormir sur mon divan quand la dernière pièce de l’album Chevy Chase, Saute pas du pont, jouait dans mes oreilles. Je viens de te perdre? Chevy Chase joue de la musique? Ok, je reformule. Le band Rouge Pompier a sorti un solide album il y a quelques semaines. Le chum Philozique en a même fait une superbe critique sur sa plateforme philozique.com. Après l’album Kevin Bacon, on a eu droit à Chevy Chase, pas dur à comprendre, hein? Par contre, ça se pourrait que la toune Saute pas du pont te mélange un brin car elle venait seulement avec l’édition iTunes je crois…

Anyways, je veux t’parler de mon délire mi-endormi/mi-éveillé. Pendant Saute pas du pont, j’ai commencé à voir des images confuses. Un autobus étrange, un genre de camion de pompier modifié en autobus en fait. Une vingtaine de personnes à l’intérieur. Un conducteur prénommé Herby qui ressemble à Normand Brathwaite. Je suis présent. Je cours au ralenti sur un pont. Le bus est arrêté. Par les fenêtres baissées les gens crient à l’unisson des phrases insensées. On va t’aider à passer à travers… On va t’aider à pas trop y penser… On va t’aider à passer à travers… Ça va s’passer entre nous autres… Punch! Punch! Punch! Estie qu’on est con… Estie qu’on est cave… Estie qu’ça goûte bon… Ostie j’ai pu d’bave… On va t’aider à passer à travers… On va t’aider à pas trop y penser… On va t’aider à passer à travers… Ça va s’passer entre nous autres… J’ai la chair de poule, les visages sont cachés par des masques. Des masques de personnalités connues. Anne Dorval, Kurt Cobain, Dave Grohl…

À une trentaine de pieds, enjambant la dernière paroi avant le vide, Jessy Fuchs balance son regard entre l’eau et l’autobus. Il m’ignore. Suis-je vraiment là? La porte du bus s’ouvre. Deux enfants sortent. Aucun masque pour voiler leurs visages. Du sang autour des bouches, des sourires inquiétants. Je les reconnais. Cam et Alex Spekto. Ils ont rajeuni. Cam s’approche de Jessy et lui crie: J’ai juste trois ans et demi! J’ai juste trois ans et demi! Oudepelaille, faudrait qu’on y aille! Alex tasse la petite et scande d’un air furieux: Avoue l’imprudence de trop! Avoue l’imprudence de trop! Avoue l’imprudence de trop!

Je crois comprendre que Jessy fuit l’autobus et/ou ses occupants mais je n’en suis pas certain. Il passe sa deuxième jambe de l’autre côté en prenant bien soin de fixer les deux mômes immobilisés à quelques mètres de lui. Le moment s’arrête. Je suis le seul à respirer. J’essaie en vain de m’approcher. Mes jambes ne répondent point, ni mes bras, ni mon corps au grand complet. Je suis un spectateur caché dans une autre dimension.

Deux adultes sont apparus à la place des deux gosses de tantôt; ai-je cligné des yeux une seconde ou deux? Il y a une femme et un homme. Ma foi, c’est Anne Dorval, vêtue d’un chandail rose. Elle porte une perruque. Son visage se métamorphose. Tantôt en Lana Lang, sinon en Lois Lane ou en elle-même. Je ne comprends rien du tout. Jessy tremble en observant l’homme. Celui-ci retire sa cape et son masque neutre. C’est Alexandre Portelance, l’habituel complice de Jessy. Il s’approche lentement de ce dernier et lui dit ces mystérieux mots:

Y’a pas juste toi qui as le monopole d’être abruti. 

Baisse le volume de tes plaintes. 

Je refuse. 

Mon sort persiste. 

Ma place s’use. 

Et j’existe

Jessy baisse la tête. Aucun son ne sort de sa bouche. Il m’apparaît évident que le type se prépare à plonger. Sa décision est prise. Il ne se laissera pas capturer par ce groupe de possédés. Alexandre en arrive à la même conclusion. Il sort de sa manche deux baguettes qu’il lance en ma direction, puis demande à je ne sais trop qui de lui apporter une guitare. C’en est trop pour Jessy qui lâche un cri de la mort en se déshabillant. Alexandre le fixe sévèrement dans les yeux en prononçant les paroles suivantes:

Rappelle-moi, Jessy Fuchs
Rappelle-moi pourquoi t’es pas dans l’autobus
Rappelle-moi, Jessy Fuchs
Juste une fois, encore
Rappelle-nous pourquoi t’as autant peur d’la mort
Rappelle-moi encore

La dernière syllabe n’était pas encore terminée que Jessy, nu comme un ver, plongeait en silence vers le fleuve bleu comme le ciel. Ne me demande pas si j’ai apprécié ou non son entrée à l’eau, je n’ai rien pu voir de ma position. Je peux quand même te dire que, quelques secondes plus tard, l’autobus au grand complet a défoncé la paroi métallique avant de suivre le même chemin que Jessy. Saute pas du pontachevait et j’avais les yeux bien ouverts…

13 mai 2016 spektophiles.com

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