Pour ce dernier comparo de 2020, deux albums en concert de Titans du Métal : Metallica et Iron Maiden.
Le choix de MA Rush
Tout d’abord, S&M2 de Metallica. Ce nouvel opus se veut en fait le 2e tome du ‘’Metallica and the San Francisco Symphony’’, le premier ayant étant lancé en 1999. La grande question est encore: est-ce que le mélange entre un groupe Hard Rock/Métal et un orchestre symphonique fonctionne? Oui et non. Depuis 1969, avec la parution du Concerto de Deep Purple enregistré au Royal Albert Hall de Londres, plusieurs groupes de musique lourde ont tenté le coup de mélanger leur musique avec des orchestres symphoniques et cela peut paraître pompeux et prétentieux. Je n’ai personnellement aucun problème avec l’idée. J’ai adoré la tournée de Rush en 2012-2013 avec le Clockwork Angels String Ensemble car il apportait une plus-value à la musique du trio canadien. Or comme pour le premier S&M, le mélange entre Metallica et le SF Symphony ne fonctionne pas vraiment. En fait, l’orchestre symphonique enlève de la puissance à la bande de James Hetfield au lieu de l’élever vers de nouveaux horizons. Curieusement, les chansons qui fonctionnent le mieux sont celles tirées de l’album Hardwired, à savoir Confusion, Moth Into Flame et Halo on Fire… Unforgiven III est carrément ratée dans le contexte symphonique et pour Enter Sandman, les arrangements sont tellement absurdes que j’avais l’impression que la voix de Bugs Bunny allait apparaître à un moment donné. Ce double album passera plus de temps encastré dans ma collection de Metallica que dans le lecteur cd de ma voiture. Bummer…
Sur une note plus positive, je vous parle maintenant du double album Nights of the Dead des Britanniques Iron Maiden. Enregistré à la fin de 2019 lors de plusieurs concerts à Mexico, cet album en concert ce veut un document immortalisant la célèbre tournée Legacy of The Beast du groupe entamée en 2018. Comme j’ai vu le spectacle au Centre Bell en août 2019, je peux certifier que cet album est une très bonne représentation ce que j’ai pu voir et entendre en personne. C’est vrai que la voix de Bruce est un peu fatiguée, il a passé la barre des 60 ans. Ceci dit, il n’y a rien d’embarrassant, de son côté, sur l’album. La sélection des morceaux, divisée en 3 thèmes (Guerre, Religion et Enfer) est vraiment excellente. En plus des classiques habituels que l’on retrouve dans la sélection, Flight of Icarus fait un retour en concert pour la première fois depuis 1986. On retrouve aussi d’excellentes versions de The Clansman, Where Eagles Dare, For The Greater Good of God et Sign of the Cross. Certains fans n’ont pas apprécié le mixage des instruments sur l’album. Personnellement, après plusieurs écoutes, je dois avouer apprécier beaucoup ce mix de Kevin Newton qui me semble meilleur que certains faits par Kevin Shirley depuis les 20 dernières années sur des albums de Maiden… Finalement, c’est un très bon album Live!
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Le choix de Roos Spekto
Je sais d’avance que MA Rush a donné son vote à Maiden, fan fini qu’il est, alors par opposition j’ai le goût de pencher du côté de Metallica! Cependant, tu me connais, lecteur intelligent, je suis un gars honnête et je te livre mes sincères impressions des deux albums. D’ailleurs, d’entrée de jeu, il s’agit de deux affaires qui ne m’excitent pas tellement. Un autre album live de Maiden, vraiment? Une suite de S&M pour Metallica, ah oui? Tu saisis mon enthousiasme, n’est-ce pas?
Je commence par ce millième live de Maiden, enregistré cette fois-ci au Mexique, avant cette pandémie qui a mis fin momentanément à cette tournée et à plein d’autres trucs plus importants dans nos vies de tous les jours. À la première écoute, je n’étais pas vendu à la qualité du son et à la voix de Bruce, ce qui part mal l’expérience. Au fil des pièces, mon oreille s’est habituée on dirait. S’il y a une chose qui m’a cependant plu assez rapidement dans ce Nights of the Dead, Legacy of the Beast: Live in Mexico City, c’est le jeu de Nicko McBrain sur quelques pièces dont l’incroyable Where Eagles Dare. J’adore cette chanson et elle n’a pas été assez souvent jouée par le groupe. Parmi mes moments forts, je peux nommer les morceaux suivants: The Clansman, For the Greater Good of God, Sign of the Cross et Flight of Icarus. Est-ce suffisant pour me soutirer une vingtaine de dollars? Peut-être, mais c’est loin d’être un automatisme, surtout que rien ne peut battre le fabuleux Live after Death. J’aurais été tenté davantage par un DVD, surtout que j’ai passé mon tour lorsque la formation est venue à Montréal la dernière fois. Belle pochette dois-je admettre…

Alors Metallica gagne la partie de mon côté? Euh, pas si vite, lecteur pressé! Ce S&M2 n’est pas un chef-d’oeuvre incontournable non plus. Tout y est pourtant, du moins en apparence. L’effort des musiciens et la qualité de l’enregistrement sont à souligner, mais la surprise et l’excitation du premier S&M sont absentes. On est passé de l’expérimentation à la répétition calculée. Le résultat est professionnel, certes, par contre il manque quelque chose, une épice enivrante. Même la foule ne semble pas plus survoltée que ça. L’exercice est réussi, on applaudit, on en redemande un peu, ça s’arrête là. Les pièces plus récentes sont les plus intéressantes, moins usées qu’elle sont, moins ancrées dans un moule aussi. Tout cela étant dit, c’est un combat pas mal égal entre Maiden et Metallica. Toutefois, je dois trancher. Strictement sur le plan CD, je choisirais Maiden en sachant très bien que je ne l’écouterais pas plus souvent que l’autre. Par contre, dans un magasin, entre le CD de Maiden et le DVD de Metallica, le groupe américain l’emporte plutôt facilement.
