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chronique critique musique Roos Spekto

Question d’attentes

À chaque fois que l’ami Philo me demande de critiquer un album (heureusement, ça n’arrive pas souvent), j’hésite car j’ai l’impression qu’on me lance sans avertissement l’affaire qui peut m’éclater au visage. Critiquer l’album d’un semi-dieu du Heavy Metal, c’est clairement un défi périlleux car au moins la moitié des gens te trouveront à côté de la track. Vois-tu, plusieurs personnes détestent Ozzy, sa musique, sa voix ou sa face. En plus, le gars est en fin de parcours…

J’ai donc écouté l’album à la maison, dans l’auto, en marchant avec des écouteurs et même dans mon lit avant de m’endormir, plusieurs fois, vraiment plusieurs fois, et un constat s’est imposé: c’est une galette fichtrement intéressante que le vieillard nous a pondue.

Bon, je te vois déjà grimacer. Tu t’attendais à ce que je blaste une de mes premières idoles musicales, hein? Commençons par le début si tu le veux bien. J’ai découvert Ozzy en même temps que les joies de l’onanisme. Jeune adolescent, j’avais été ébloui par les deux premiers albums du Prince des Ténèbres. Randy Rhoads était mon guitariste préféré (il l’est peut-être encore aujourd’hui) et toutes les pièces de ces deux classiques font toujours partie de ma vie. Puis il y a eu cet accident d’avion…

Où veux-je en venir avec tout cela? À te faire réaliser que 1982, c’est loin, fucking loin à part ça. Ozzy a sorti plusieurs albums après ça. Des bons, des très bons et des plutôt ordinaires. Je serai honnête avec toi, je ne suis pas le plus grand fan de son oeuvre post-No More Tears. Il y a de belles perles sur chaque album, mais il y a aussi du vide ou du mal rempli. Alors si depuis 1995 il en est ainsi, pourquoi certaines personnes attendaient quelque chose qui ressemblerait à un chef-d’oeuvre? Voilà, tout est là. Tout est question d’attentes et de perspectives. Et c’est là que le plaisir prend forme!

Ozzy est maintenant âgé de 71 ans. Il a donc enregistré cette rondelle en tant que septuagénaire, right? Tu me diras sûrement que ton père ou ton grand-père brasse plus qu’Ozzy mais tu ne me convaincras guère. C’est de la sauce ton affaire. Straight to Hell, Goodbye, Under the Graveyard et même la punkette It’s a Raid déplacent plus d’air que bien des albums que t’écoutes en cachette des fois. Y a-t-il un peu trop de ballades sur ce Ordinary Man? Ouais, le ratio est plutôt élevé. Cela dit, All My Life et, surtout, Ordinary Man (avec Elton John) me font tout simplement craquer. Du bonbon comme tu as pourtant déjà sucé et croqué à pleines dents en 1991, avoue donc!

La première fois que j’ai entendu Ozzy sur une toune de Post Malone, j’ai sourcillé à m’en transformer le front en papier mâché. Puis j’ai appris à apprivoiser le concept. Fan de la toune aujourd’hui? Non. Cependant, j’aurais le goût de dire une chose à cet étrange rappeur, un seul mot en fait: merci! Merci car cette rencontre a provoqué quelque chose au plus profond du prince qui s’était noyé dans les profondeur de ses propres ténèbres. Au lieu de caller la shot avec ses complices habituels, le vieux Ozzy a pris son courage à deux mains et décidé d’offrir ce qu’il avait dans le ventre entouré de sang neuf (dont Duff McKagan et Chad Smith). Ce qu’il nous a offert, c’est rien de moins qu’une probable dernière carte de visite, l’oeuvre la plus viscérale de ses vingt-cinq dernières années. Plein de flashs du passé, une attitude du présent. Pas un classique incontournable, ça non, mais un véritable cadeau inespéré. Il serait idiot de bouder son plaisir, alors plonge tout de suite!

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