L’Étrange Pays de Jean Leloup, ce n’est pas un pays, c’est Jean Leloup. Le sentier, les néons, le sous-bois, l’homme à tête de chien, le rosier-douleur, les fous, la guerre, les enfants laissés à eux seuls, les oiseaux, le jardin maternel; voilà l’univers proposé par Leloup. Toujours dehors, dans la nature, à raconter des fables, à partager son imaginaire, à peut-être même se dévoiler en chantant son propre voyage, sa vision de la vie, sa vulnérabilité.
Ceux qui aiment Leloup le suivront à nouveau dans cette aventure, les autres le bouderont ou chialeront, selon leurs humeurs. Et la critique? On sait déjà qu’elle sera bonne, que le vent du consensus souffle déjà dans cette direction. Mais nous, le consensus, c’est le dernier de nos soucis. Il faut plonger. Écouter. Se laisser envahir. Réagir. Réfléchir à tout ça dans l’ordre et le désordre. Que s’est-il passé? Après une écoute, deux, trois…
Le folk dénudé de Leloup saisit, stimule l’esprit, déconcerte. Personne n’écrit comme lui, chante comme lui, livre comme lui. Une production proche d’un démo, flirtant avec le lo-fi, laissant volontairement quelques notes floues ici et là. Parfois brouillon et cabotin, toujours vivant et profondément humain. Un choix judicieux, la voix de Leloup n’a jamais été si chaleureuse, si juste dans le contexte. Écoutez Le Sentier, L’Étrange Pays, Rosier-Douleur, Les Goélands et L’Enfant Fou, vous comprendrez. Puis il y a cette instrumentale, Nouvelle Alerte, qui émeut à tout coup. Un pur petit bijou.
Pour conclure, sachez que nous ne sommes pas partis avec l’idée que cet album nous plairait autant. Au contraire, nous l’attendions avec prudence, avec méfiance. Nous n’avions pas été renversés par les plus récents albums, mais celui-ci nous a profondément bouleversés. Du Jean Leloup épuré et inspiré sur toute la ligne. Chapeau, l’artiste, tu nous a bien eus!
philozique.com 