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La Petite Vite de Roos Spekto

Le coup de foudre, tu y crois? Peu importe, j’essaierai pas de te convaincre de quoi que ce soit, je comprends même pas ce qu’il s’est passé ces dernières semaines.

Tout a commencé le premier soir de la Ligue Rock, huitième édition, chapitre Terrebonne. J’avais savamment garé la Spektomobile sur Saint-Pierre, près d’un obscur café désert; ainsi je me réservais un spot tranquille pour la nuit si jamais mon état ne me permettait pas un retour nocturne. Après quelques minutes de marche, j’ai rejoint Gia au pub, elle qui avait déjà une demi-pinte d’avance. Gia était en grande forme, malgré les douleurs corporelles qu’elle s’était infligée la veille lors d’une virée dans le sud-ouest montréalais.  Ne compte pas sur moi pour te livrer trop de détails à ce sujet, je ne veux pas briser le lien de confiance qui m’unit à cette personne.

Même si je la connais depuis plusieurs années, c’était la première fois que j’avais le privilège de sortir en tête-à-tête avec elle. Gia ne laisse pas facilement entrer quelqu’un dans son cercle immédiat, encore moins un homme. Certains ont dû la décevoir ou même la trahir dans le passé, rien de surprenant remarquez bien car les hommes sont parfois de bien étranges créatures. Tout cela pour dire qu’au fil des pintes, nous avons appris à un peu mieux nous connaître et à nous apprivoiser. L’espèce de malaise initial fondait petit à petit. Nous partagions des souvenirs heureux, des mésaventures comiques et des confidences que je conserverai pour moi, lecteur curieux. Nous avions un peu perdu la notion de temps, ce qui nous a malheureusement fait rater la première partie de la soirée. Je m’excuse, NOBRO, je promets de vous revoir très bientôt, mais comme Gia s’ouvre si rarement et choisit trop méticuleusement ses allocutaires, je pense que je mérite le pardon ainsi qu’une seconde chance avec vous…

Arrivés au Moulinet, nous nous sommes précipités au bar, puis devant la scène car la prestation de Jesse Mac Cormack débutait. Premier constat, le monsieur sait jouer de la guitare. D’ailleurs, je préférais les longues parties instrumentales car Mac Cormack se laissait plus aller, surtout pendant les solos. Un mélange de planant et de rugueux alternatif; difficile de mettre le doigt sur le style exact. De l’indie musclé? Peut-être bien. Assurément rock. Une belle entrée pour nous. Gia était heureuse. Elle n’assiste pas à un spectacle, elle le vit. Dans sa tête, elle voyage. Seuls quelques mots sortis entre les morceaux me prouvait qu’elle était encore présente. J’ai parfois l’impression qu’elle se moulait au jeu de guitare de Mac Cormack, comme si les notes et son âme se rencontraient dans une dimension invisible à l’oeil nu.

Après le set, je me suis dirigé au bar pour un refill. D’intéressantes discussions avec les organisateurs de la soirée qui avaient bien raison d’être fiers de leur coup. La vibe était bonne dans la place et les deux prochains samedis promettaient de grandioses choses (je peux vous le confirmer puisque j’y étais évidemment!) En allant commander ma dernière consommation, j’ai croisé une jolie anglophone qui attendait son verre de fort. Cela m’a pris un certain temps avant de réaliser qu’il s’agissait de Kandle. D’une simplicité déconcertante, l’artiste vedette de la soirée se mêlait à la plèbe sans prendre de grands airs. Je ne la connaissais que de nom et de réputation, je n’aurais jamais pensé être autant chaviré après son passage dans la métropole lanaudoise (cache ton sourire, lecteur insolent! Pour ton info, sache que Terrebonne est la dixième ville la plus populeuse au Québec, ok?)

Anyways, tu veux savoir comment s’est terminée ma soirée, n’est-ce pas? Alors j’embraye. Du premier mot prononcé jusqu’à son dernier soupir, Kandle m’a complètement ébloui, séduit, mis dans sa petite poche arrière. J’étais propulsé dans un autre univers. Plus personne n’existait dans mon champ de vision. Adieu les autres musiciens (excellents en passant), les spectateurs et le Moulinet. Je me promenais ailleurs, d’un saloon mal éclairé à une chambre de motel cheap sur le bord de l’autoroute, comblé et envoûté. Une passion peu commune m’avait envahi et un violent désir m’habitait. Je ressentais une réciprocité évidente; Kandle chantait pour moi, s’adressait directement à moi. Je pouvais me permettre de l’approcher, de coller mon corps contre le sien, sans gâcher le moment. Du moins c’est ce que je pensais lorsque le spectacle a officiellement pris fin et que Gia m’a sèchement repoussé en me disant les mots suivants: « T’es pareil comme ton frère dans le fond, si tu penses que t’as des chances avec moi, Roos Spekto, tu te trompes. Bonne fin de soirée! »

C’est ainsi que Gia a quitté les lieux, sans même me donner l’habituelle accolade. Probablement qu’elle en avait assez eu pendant le spectacle. J’ai dormi dans la Spektomobile quelques heures, grelottant, attendant désespérément une apparition surprise de Kandle. Elle ne s’est jamais présentée, ni en personne ni dans mes rêves…

kandle

Photo: Andy Jon

3 réponses sur « La Petite Vite de Roos Spekto »

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