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musique récit Roos Spekto

La Petite Vite de Roos Spekto

J’ai souvent vu les Goules en action, mais je n’avais jamais eu la chance d’assister à un spectacle de Keith Kouna, les hasards de la vie m’ayant proposé autre chose à chaque occasion. Voilà toutefois qu’une soirée de la Ligue Rock à Terrebonne pouvait régler cette anomalie dans mon parcours musical. Terrebonne? Ouin, Terrebonne comme dans condition sine qua none. Ça rime tout croche dans tes oreilles? Dans les miennes aussi, cependant arrive un temps où il faut franchir certaines limites pour arriver à ses fins. Fuck les principes, j’ai mis quinze piasses de gaz dans la Spektomobile puis traversé deux rivières afin de commencer ma soirée au St-Patrick, l’endroit par excellence de la région d’après les locaux.

Force est d’admettre que la place a bien de l’allure. Un pub qui peut rappeler vaguement l’Irlande mettons. La carte des bières possédait quelques perles, dont cette double IPA de Pit Caribou potentiellement traîtresse en pinte. D’ailleurs, MA Rush préférait boire de l’eau en cette soirée d’anniversaire (le sien pour être précis); un vrai sage cet homme! Karisma et Dubby, eux, suivaient facilement mon rythme, au grand plaisir de notre serveuse gaspésienne évidemment. Puis Ovie est arrivée, un peu en retard, à cause de son viking rencontré récemment entre deux consommations, histoire que je n’ai pas le goût de vous raconter. J’en souffre encore intérieurement et ma psy m’a conseillé de passer à autre chose lors de ma dernière visite. Dernière visite dans tous les sens car elle non plus ne veut plus me recevoir. Un malheur ne se présente jamais seul, crois-moi…

On a quitté le St-Patrick, en compagnie du Soldat fraîchement débarqué d’on ne sait où, trop de bonne heure car MA Rush angoissait à l’idée de rater le début du set de Zouz. On marchait sous une neige sympathique en évitant une poignée de passants sûrement égarés. Une chance que le bar du Moulinet offrait du stock plus que potable sinon je sens que j’aurais été un peu frustré, surtout que le show n’a pas commencé à 20h00 pile.

L’effet des pintes et des nouvelles consommations commençaient à se manifester dans mon cerveau quand Zouz a réveillé la foule éparse et timide. Du rock électrique aux passages parfois progressifs, souvent expérimento-psychédéliques. Lourdeur et puissance, deux mots qui décrivent bien ce que je percevais. Je ne sais pas si c’est l’alcool qui me jouait des tours, mais il me semblait que l’équipement du band dansait au rythme de la musique. Quand l’affiche géante de la Ligue Rock derrière le groupe est tombée sur la scène, confirmation de mon jugement plutôt juste, je me suis dit que je pouvais encore boire un peu. Deux verres sont alors apparus dans mes mains. Puis deux autres…

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Pendant la prestation déchaînée de Lubik, un genre de flashback hallucinatoire a envahi ma boîte crânienne. Non seulement j’ai aperçu un homme qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à mon frère Rio, il fallait qu’il danse exactement comme lui. Danser est un bien grand mot, se tortiller telle une pieuvre apeurée amputée de la moitié de ses membres serait pas mal plus juste. Et pour ajouter à ma soudaine berlue, trois personnes autour de lui me rappelaient drôlement Le Stud, Kustard et Dolly; troublante coïncidence dois-je vous avouer. Heureusement que je savais que c’était impossible, ce quatuor ne sortait jamais de Montréal en direction de la banlieue, trop inodore et sans saveur selon eux. Pendant ce temps, Pousty aussi hallucinait: il croyait qu’un des Denis Drolet s’exécutait sur scène! Il a même pris un cliché pour éventuellement prouver son point.

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Après cette deuxième partie affolante, j’ai commandé mes deux dernières bières de la soirée en cherchant à retrouver les sosies de Rio et cie. En vain, disparus comme la fierté du Soldat couché devant le stage pour ajuster la caméra de son iPhone. Kouna et sa bande devaient le trouver intense un brin.

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Y avait-il foule au Moulinet du Vieux-Terrebonne pour voir et entendre Keith Kouna? Je ne saurai vous dire. J’apercevais pourtant plusieurs dizaines de personnes, mais la plupart des visages se répétaient. Même les faux Rio étaient de retour. Sans oublier les Stud qui prenaient toute la place au centre, les Dolly qui dansaient pieds nus, les Kustard qui se thrashaient entre eux, les Ovie qui chantaient les mauvaises paroles, les Nugget qui fistaient le ciel… et les MA Rush confortablement assis. Un show extraordinaire, plein d’émotions, généreux. En finale, un trio goulesque en guise de dessert: Coat de Cuir, Crabe et Ville. Que pouvions-nous demander de mieux? Rien, vraiment rien.

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En quittant le Moulinet, j’ai perdu de vue tous mes amis, sauf Karisma qui prenait des shooters avec la barmaid. J’ai réussi tant bien mal à me rendre à ma bonne vieille Spektomobile, après quelques chutes et un long détour dans les petites rues du quartier. Tout juste avant de m’endormir sur la banquette arrière de ma fidèle monture, un rire hyperactif a attiré mon attention. En regardant par le pare-brise légèrement enneigé, j’ai compris ce qu’il se passait. Une jeune dame, déguisée en héroïne, courait dans la rue en pleine allégresse. Plus elle s’approchait, mieux je devinais qui était cette mystérieuse personne. Et lorsqu’elle a croisé la Spektomobile, pieds nus, vêtue de la banderole de la Ligue Rock en guise de cape, il n’y avait plus de doute dans mon esprit. Je me suis recouché, sourire étampé au visage, en me demandant si la réalité n’était pas parfois plus surprenante que la fiction…

Merci photographe Pousty!

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