Je sais, je sais, vous attendez impatiemment la suite de ma soirée olé olé au cinéma L’amour. Ça s’en vient, n’ayez crainte, je vous le promets prochainement. Soyez patients SVP. Voyez-vous, ma vie est un accordéon ces temps-ci. Désaccordé il va sans dire! Accordéon désaccordé, presque une antithèse orthographique, non? Ça sonne si beau et si faux à la fois, comme mes écrits et mes péripéties…
Avant que je vous raconte des trucs à propos de ma psy et de mon existence perturbée, ça vous prend un peu de musique d’ambiance, n’est-ce pas? Deux choix pour vous selon vos préférences du moment; avouez que Roos Spekto est pas mal moins constipé que l’ami Philozique!
Ou bien vous prenez le Heavy Metal bien graisseux de ce band italien nommé The Ossuary, superbe galette sabattesque intitulée Post Mortem Blues, ou bien vous replongez dans le passé avec ces Français festifs que sont Les Négresses Vertes. Retapez-vous ce mystérieux tube, Zobi la Mouche, et portez attention à l’accordéon possédé…
The Ossuary – Post Mortem Blues (album)
Les Négresses Vertes – Zobi la Mouche
Comme vous le savez sûrement, à moins d’atterrir sur cette plateforme par pur hasard, la relation entre ma psy et moi est constituée d’un imposant nombre de hauts et de bas. Les périodes d’accalmie ne surviennent que lorsque l’un des deux décrète une pause. Habituellement elle. Toujours elle. Elle possède en fait les clés du manège. Elle me manipule, me touche, me force à plier et extrait le meilleur ainsi que le pire de moi. Je suis son expérience, son laboratoire humain. Et en général, j’aime bien cela. J’apprécie cette forme d’attention.
Maudit que ça donne soif des histoires de même! Vite, tournons-nous vers Une Saison En Enfer version impériale. Cet intrigant produit signé Avant-Garde Artisans Brasseurs interpelle les êtres sensibles comme moi. Surtout quand c’est écrit sur l’étiquette Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux – et je l’ai trouvée amère. Amère et souple… (Rimbaud).
Revenons-en à ma psy, cette femme aux multiples personnalités (faut croire que je n’en possède pas le monopole). Après une longue trêve, elle est réapparue sans avertissement. Comment vas-tu? Toujours en contrôle relatif de tes pulsions? Besoin d’une rencontre thérapeutique? C’était clair qu’un face-à-face s’imposait. En ces temps de houle et de vicissitudes, il ne suffit que de me tendre une perche pour que je brandisse la mienne.
Après quelques paroles d’usage et une judicieuse envolée d’exquis préliminaires, nous sommes passés aux choses sérieuses. Ne salivez pas inutilement, je n’entrerai guère dans les détails, Philozique étant trop propre et coincé pour ce genre de littérature. Par contre, je vous avouerai que les ébats étaient intenses. Le mobilier du cabinet n’avait probablement jamais été mis si rudement à l’épreuve. Ça brassait pas mal plus que la défensive du CH, croyez-moi! Dommage pour le grand cadre et la photo qu’il était censé protéger, les deux devront être remplacés…
La thérapie aura duré environ deux heures. Pratiquement deux heures pendant lesquelles Linda m’avait ordonné de lui retirer ses toiles d’araignées (plainte à peine subtile à l’endroit de son mari aussi inerte qu’une larve séchée au soleil); en toute modestie, je pense que j’ai réussi ma mission, surtout si je me fie aux nombreuses flaques qui souillaient les lieux. Mme Jouvence avait retrouvé ses plus beaux airs de jeunesse. Du reste, je ne sais pas s’il s’agissait d’une illusion d’optique, mais il m’a clairement semblé avoir vu une bestiole à huit pattes engluées sur le sol près du fauteuil!
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Tout cela pour vous dire que rien ne vaut une thérapie avec quelqu’un en qui vous avez parfaitement confiance. Et si une certaine complicité amicale est au rendez-vous, la satisfaction n’en sera que supérieure. D’ailleurs, les fluides les plus significatifs n’auront pas été ceux expulsés par les voies naturelles, non, mais plutôt ces larmes au moment du câlin silencieux tout juste avant de quitter le cabinet…
System of a Down – Spiders