Il y a de ces albums qu’on a hâte d’entendre mais qui font également peur. C’est souvent le cas lorsqu’il s’agit d’un band légendaire ou d’un album double. Alors quand un band légendaire sort un album double, on retient un peu son souffle. Le projet sera-t-il à la hauteur des opus précédents et des attentes des fans? Iron Maiden ose expérimenter la chose pour la première fois en studio avec la livraison de The Book of Souls; est-ce une réussite? Je vous offre mon point de vue.
11 chansons en une heure et demie, c’est du stock; vaut mieux qu’il soit bon si l’on ne veut pas le trouver trop long! Après plusieurs écoutes, je confirme qu’on a affaire à une oeuvre intéressante. Il ne s’agit pas de l’album Metal de l’année, ni de la révélation du siècle, ni de la surprise ultime qui vous décoiffe le toupet; cependant Iron Maiden prouve qu’il est encore une fois pertinent et toujours en évolution, si mince soit-elle. The Books of Souls est un album du Maiden des années 2000, pas celui des années ’80. On reconnaît le son et les constructions des disques Brave New World, Dance of Death, A Matter of Life and Death et The Final Frontier même si quelques passages et techniques rappellent ici et là les albums Powerslave, Somewhere in Time et Seventh Son of a Seventh Son. Personnellement, je préférais le « son » des années glorieuses, plus clair et moins grave, mais les structures des récentes pièces compensent amplement ce détail.
Le premier cd offre 6 pièces, toutes assez différentes les unes des autres. If Eternity Should Fail reprend là où Satellite 15 nous amenait un peu trop longuement lors de l’opus précédent. La machine de guerre est bien huilée, l’artillerie lourde résonne dans les enceintes acoustiques. Speed of Light, le premier single, est la chanson rapide et unidirectionnelle du disque. The Great Unknown déménage aussi à sa façon mais se démarque par ses subtilités rythmiques. The Red and the Black est un de ces classiques épiques qui s’étire de façon harmonieuse pendant plus de 13 minutes. Bruce semble parfois sur la corde raide tellement il pousse sa voix malgré son âge et sa condition lors de l’enregistrement. Ça pourrait être très difficile en live. When the River Runs Deep et The Book of Souls concluent cette rondelle avec fougue, précision et beauté.
Le deuxième cd présente pour sa part cinq morceaux, dont la superbe chanson Empire of the Clouds qui change continuellement de rythme tout au long de ses 18 minutes. Encore une fois, Bruce flirte avec ses limites vocales. J’adore ce dernier titre de la galette mais je ne suis pas sûr que ce serait une bonne idée de le jouer en spectacle. Death or Glory est la pièce qui me fait le plus penser à du « Maiden vintage » avec son rythme et son refrain. Beau clin d’oeil à Wasted Years sur Shadows of the Valley qui plaira à coup sûr à plus d’un vieux fan. Tears of a Clown ne suscite que peu d’intérêt en moi même si elle est est bien exécutée et efficace alors que The Man of Sorrows semble se dévoiler davantage à chaque écoute.
En résumé, j’ai bien apprécié cette nouvelle oeuvre de la Vierge de Fer. J’accroche plus à ces compositions qu’à celles des récents albums. Tout n’est pas parfait, mais Maiden poursuit son chemin en livrant une fois de plus la marchandise sans compromis. Bravo les gars, on attend exactement cela de votre part!
Iron Maiden – The Book of Souls : 8,5/10