Certaines soirées sont plus prévisibles que d’autres. Celle de samedi ne fait pas partie de ces soirées-là. Lecteur fidèle, sache que j’étais un peu fâché contre Philozique l’autre jour car il venait un peu se mêler de ma vie privée. Vois-tu, j’avais un souper de gars prévu chez mon frère Rio, souper végé qui promettait beaucoup d’action et de beaux produits alcoolisés. D’habitude, ce genre de truc se termine très tard, très très tard pour être un brin plus précis. Et ça prend quelques heures et plusieurs cafés pour décanter avant de pouvoir reprendre la route si tu comprends ce que je veux dire. Puis là, Philo-l’occupé-avec-sa-famille me demande d’aller voir un show à 21h00 dans une étrange place nommée Le Bar des Sportifs. Il aimerait ça que les frères Spekto s’y rendent, fassent un compte-rendu et prennent quelques photos de l’événement. Dois-je te rappeler que le show est au coin de Fullum et Ontario un samedi de beuverie à 21h00? Mettons que c’est le genre de détail qui me dérange un tantinet…
Anyways, je décide de me rendre chez frérot assez tôt en pm, question de starter le souper de bonne heure et de boire ce que j’aurais bu sans ce changement de plan. Faut croire que Rio a eu la même idée car il est déjà feeling quand j’arrive. Je tasse ses bouteilles vides, sors une planche et coupe un excellent salami portugais. Rio peste pour la forme mais en prend quelques tranches quand j’ai le dos tourné. Un végé à géométrie variable en état de boisson, celui-là!
Quand Dubby et Pousty arrivent, la fête lève d’un cran, comme le coude de Rio. Les millilitres augmentent et les % d’alcool aussi. À un moment donné, mon frère réalise qu’il serait peut-être temps de faire cuire son repas. Il nous a préparé un pulled pork sans porc, porc remplacé par du jackfuit savamment effiloché. Le hic, c’est que le cuisinier est dans un état joyeux et qu’il ne contrôle plus très bien son dosage d’épices en phase finale. Crois-moi, lecteur épicurien, ça peut être vraiment bon du pulled pork végé, mais n’exagère pas sur les épices car ta chiasse sera puante et piquante en sacrament le lendemain!
Je passe rapidement l’étape du souper (et toutes les bières qu’il a fallu boire pour étouffer le feu dans nos gorges). Un taxi attend en avant, on quitte. Le Bar des Sportifs n’a qu’à bien se tenir! Mieux que Pousty qui dit des insanités tout au long du chemin d’ailleurs; faut croire que les dernières consommations étaient de trop. Rio, lui, dort à moitié sur l’épaule du conducteur. Très patient ce monsieur…
On entre juste à temps dans le bar pas trop sportif en ce samedi musical. Les Wild Mercury débute leur set. Du bon stock livré par des filles qui ne savent pas juste jouer de leur instrument mais qui savent très bien chanter. Les harmonies vocales ont séduit plus d’une personne dans la place, habitués ou pas. En fait, à part deux étranges bonhommes qui sniffaient de la poudre dans les toilettes, je pense que la grosse partie de la crowd était là pour les bands. J’étais venu pour Les Shirley, mais je dois t’avouer que j’ai découvert de quoi de très bon avec ces Wild Mercury!
Pendant la pause, un pichet d’IPA est apparu. Le hic, c’est que Rio est disparu à peu près en même temps. Pousty est allé aux toilettes voir s’il sniffait de la blanche avec les habitués alors que Dubby a longé tous les murs afin de s’assurer que mon frère ne dormait pas comme la dernière fois à la Sala Rossa. En vain, l’herbivore éméché avait quitté les lieux. Un texto nous a confirmé le tout en même temps que Les Shirley prenaient d’assaut le stage. Ami lecteur, veux-tu bien me dire pourquoi tu ne t’es pas pointé ici? Tu as manqué quelque chose. C’est de la dynamite ces filles-là! Ça te décoince sur un moyen temps, pis si t’as encore des préjugés de mononcle, tu t’étoufferais solide devant une telle prestation. Bravo Les Shirley! La barre était haute après Wild Mercury et vous avez joyeusement mis le feu dans la place.
Après le show, il fallait revenir chez Rio. En taxi. Sans notre gars qui connaît ça, les taxis. Sans connaître son adresse exacte en plus. Pousty nous a dit de ne pas capoter, qu’il allait en trouver un en claquant des doigts et qu’il nous dropperait dans ce coin-là. Ben peux-tu croire que c’est ça qui s’est passé? Je te le jure. Le Gros en a spotté un sur Fullum pis 30 secondes plus tard on roulait vers l’avenue Aird. Ça sentait un peu la marde dans le taxi mais je me suis fermé la gueule, pour ne pas froisser le chauffeur ou Pousty qui a souvent des problèmes de flatulences. Quand le conducteur a fait remarquer au Soldat qu’il ressemblait à Martin Matte, on a bien rigolé. Un peu trop d’ailleurs. Certains d’entre nous ont échappé quelques gaz qui n’avaient rien d’hilarant. Ça sentait le tabaslack pas à peu près dans le taxi, tellement qu’on tous baissé simultanément notre fenêtre. En parfait gentleman, notre hôte temporaire a pris le blâme. Il nous a dit qu’il avait eu un petit incident plus tôt dans la soirée et qu’il croyait avoir parfaitement nettoyé le dégât. Un barbu en boisson avait chié dans ses culottes et il s’en était rendu compte pratiquement arrivé à destination, justement sur la rue Aird pas loin d’ici…
Inutile de te dire qu’on a longtemps braillé de rire avant de partir chacun de notre côté. On a moins ri le lendemain quand la digestion s’est mise de la partie. Maudit Rio, on pense bien maintenant savoir la vraie raison de son départ précipité!
P-S: Seule photo de Rio!