Qui a dit qu’un mercredi devait absolument être tranquille? Pas moi en tout cas. Ce 3 avril restera longtemps marqué dans mes souvenirs. Il n’était pas encore 15h00 quand Rio et moi sommes arrivés à L’Espace Public, là où mon frère passe plus de temps éveillé que chez lui. L’établissement n’était pas encore ouvert, alors nous avons décidé de tuer le temps à l’Atomic Café situé à quelques pas de marche à peine. Un cappuccino parfaitement réussi en ce milieu de pm ensoleillé m’a survolté davantage. Lecteur à la drôle de moue, sache que j’avais encore plus soif que dix minutes plus tôt!
En arrivant à L’Espace Public, j’étais un peu surpris de ne pas voir la faune habituelle du Tim Hortons envahir le trottoir; peut-être l’heure ou le froid? Chose certaine, il y avait déjà du monde dans la place. Du monde assoiffé comme Rio et moi. Le plan de match était de boire des bières locales en attendant le branchement des lignes de La Souche, microbrasserie sise à Limoilou, ou La Cité-Limoilou si tu préfères, pas moi. Puisque les fûts de La Souche étaient déjà prêts à remplir des verres, la première partie du plan a été mise de côté. On a attaqué le menu de haut en bas; c’était très bon. La Wee Heavy Bourbon en bouteille aussi. Mais après quatre consommations, je devais quitter les lieux, laissant mon frère et nos amis, progressivement arrivés en douceur, continuer leur sympathique beuverie. Un super spectacle m’attendait au Corona en compagnie du Soldat…
De la station Joliette à Lionel-Groulx, j’ai eu l’impression de voyager dans le temps. Soldat Pousty m’a fait remarquer que nous avions droit aux wagons vintage de notre jeunesse vagabonde, ce qui m’a fait réaliser que le vie passe vite, parfois trop vite. Je me souviens trop bien de ces moments à passer d’un wagon à l’autre au grand désespoir de certains usagers un peu coincés. Nous allions ensuite errer sur la rue Sainte-Catherine, à la recherche du vinyle qui ferait capoter nos amis. Comme ce passé me semble à la fois proche et lointain, c’est terrible. Mais revenons-en au truc important de la soirée: Baroness. Un de mes bands préférés depuis une dizaine d’années. J’ai découvert ce groupe avec l’incroyable Blue Record, encore mon favori dois-je t’avouer. J’ai ensuite acheté le précédent, le Red Album, puis le Yellow & Green, ainsi que le Purple évidemment. Sans oublier le First et Second grâce à la magie du Web. De la dynamite, de l’émotion, de la beauté; juste du bon finalement. Un peu brouillon sur la réalisation, mais au final ça donne une touche plus sale, voire un charme additionnel pour le non puriste. Et dire que le Gold & Grey s’en vient le 14 juin!
Zeal & Ardor a bien réchauffé la salle même si ça manquait un peu de muscle à mon goût. Du rock bien exécuté avec à sa tête un leader incontestable, Manuel Gagneux. J’étais pas fâché à la fin de leur set car j’avais envie de pisser et la soif commençait à se manifester. Le Soldat, avec son flair légendaire, a réglé mon problème illico presto. Celui de mon gosier, lecteur malhabile, l’autre ayant été réglé sans l’aide de personne.
C’est au milieu du spectacle de Deafheaven que Pousty et moi avons réalisé que le gars au bout de notre rangée était nulle autre que MA Rush. C’est quand la fille à côté du Soldat a mentionné à son amie qu’il y avait un sosie de Sting en pointant peu subtilement en direction d’un quidam qu’on a reconnu notre pote. Si on se fiait à sa face et à son langage corporel, le set de Deafheaven était crissement trop long. Pourtant, c’était solide en ta. Du post-metal lourd aux accents black et shoegaze, ça me plaît bien même si la voix de George Clark n’est pas mon truc. Le gars se démène comme un diable dans l’eau bénite sur scène, mais il faut accepter ce type de prestation vocale pour bien apprécier l’ensemble. Pousty, lui, buvait sa canette en pestant contre celle-ci. « De la pisse de ch’val à côté de ce qu’on a bu tantôt! » répétait-il sans cesse avec une voix plus claire que Clark. Il était temps qu’on arrête de boire, qu’on descende devant le stage et que Baroness nous réveille.
Il était passé 10h00 et MA Rush piaffait tellement d’impatience qu’un trou se formait sur le plancher du Corona. Heureusement, Baroness est apparu et le bonheur s’est emparé de la place (et de MA Rush). Si l’énergie de John est une marque de commerce du band depuis ses débuts, celle de Gina n’a rien à lui envier. Une guitariste de talent et un charme à faire craquer quiconque aime les musiciennes comme moi. Après Kandle il y a un mois, me voici à nouveau subjugué par Gina cette fois-ci. Crois-moi, lecteur inquisiteur, il ne s’agit pas d’un simple kick devant une beauté féminine, non, pas du tout. La grâce et le talent de ces jeunes dames m’éblouissent violemment, j’en perds tout mes repères. Tellement que je me suis retrouvé par magie à deux mètres de Gina, alors que le Soldat se tenait au milieu du cercle chaud et que MA Rush s’était fait propulser à l’arrière après une demi-chanson. Le reste du show a été une suite de morceaux exquis; j’étais comblé et, à en juger par la réaction des spectateurs autour de moi, je n’étais pas le seul. Si j’avais à gager un vieux Toonie, je prédirais que Baroness se produira dans une plus grande salle la prochaine fois, hélas! Baroness et le Corona, c’est pourtant juste parfait. Tout comme la virée de ce 3 avril 2019…