Le duo présente son oeuvre au public montréalais élargi ce soir au Club Soda, on en profite pour vous en mettre plein les oreilles avec les trois actes de la pièce Océan. Treize minutes de puissance et d’émotion, moment fort du sublime Le Démon Normal. Un texte à lire et à écouter, peu importe la beauté du matin; chapeau Oktoplut!
Houle sur la cage
Je conspire les voyages
Je compile les naufrages
Et j’ai peur
Mille tonnes de plage
Sur mon cœur marécage
Pour écorner l’orage
Intérieur
Les beaux matins
J’entends les sirènes au loin
Je quitterai ton rivage
Sans même poser mes pieds dans le sable
Et je larguerai les câbles
Sans être l’incapable
Qui perd
Seul à la nage
Un curieux paysage
Sans la terre ni l’ombrage
Sans cœur
Risque l’abordage
Je dessine les mirages
Et je reste un sauvage
Dans l’ampleur
Les beaux matins
J’entends les sirènes au loin
Je quitterai ton rivage
Pour aller jeter l’encre sur la page
Les deux mains dans la glace
Passer l’hiver au large
Du fleuve
Et je crie en alarme
Et je coule sous la lame
Et je fuis dans la vague
Et je m’échappe
Et le vent se déchaîne
Et il pleut dans mes larmes
Et ça rouille l’épave
Et je m’échappe
Et comme passent les heures
Et elles saoulent les images
Et ils lancent les cages
Et je m’échappe
Et je m’échappe
Prisonnier de la mer
Le vent des autres sur terre
Sectionné, en marge
Je m’échappe
Prisonnier de la mer
Le vent des autres sur terre
Sectionné, en marge
Je m’échappe
Si le sort voit encore
Et voulait m’enlever de l’eau
Les arbres me manquent, las du sel
Imbibé lentement
J’ai perdu mes feuilles et mon écorce
Tant à dire, ma voix se perd
Je brûle de mes cendres mais sans me répandre
En vestiges de ma sève
Un brasier dans l’océan
Si le sort voit encore
Et voulait m’enlever de l’eau
Les arbres me manquent, las du sel
Imbibé lentement
Un brasier dans l’océan