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La Caisse de 6… PINK FLOYD

Pour cette Caisse de 6 du mois de novembre, MA Rush s’attarde sur une formation qui n’est ni Hard Rock ni Métal, mais qui a eu un impact incommensurable sur la musique et le monde du spectacle: Pink Floyd. Le groupe a vendu plus de 250 millions d’albums dans le monde depuis 1967 et demeure un objet de fascination pour de nombreux mélomanes. Même si la dernière tournée remonte à 1994, même si la dernière prestation du groupe remonte à 2005 et même si le groupe nous a offert un dernier album d’adieu en 2014, la musique de Pink Floyd semble toujours bien vivante et les tournées solos respectives de David Gilmour et de Roger Waters continuent à perpétuer le mythe du groupe aux 4 coins de la planète.

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Dark Side of the Moon, 1973 (EMI, Capitol)

Un des grands classiques de la Musique Rock, cet album est demeuré 741 semaines consécutives au palmarès Billboard après son lancement et s’est écoulé à 45 millions d’exemplaires dans le monde entier. Les chansons sont tout simplement excellentes en plus d’êtres concises. Les textes de Roger Waters traitent entre autres de la peur de devenir fou, de l’isolement et de la solitude (Speak to Me-Breathe-Us and Them), du temps qui contrôle nos vies (Time), de la société de consommation (Money) et de la maladie mentale (Brain Damage). Cette dernière pièce faisait évidemment référence à Syd Barrett, premier guitariste du groupe qui avait quitté en 1968 suite à des problèmes psychologiques. Le stress de la vie est aussi évoqué dans la pièce instrumentale On The Run.

Considéré comme un album de Rock Progressif, Dark Side ne contient pourtant pas de très longues pièces. L’auditeur a plutôt l’impression que l’album est une seule grande pièce découpée en plusieurs sections. Autre constat, chaque instrumentiste du groupe ne sombre jamais dans les excès au niveau des notes jouées et choisies: les solos et accords de Gilmour sont précis, mélodiques et concis, les segments de claviers de Richard Wright sont lents et sublimes. Waters (basse) et Nick Mason (batterie) font un travail colossal en tenant un rythme langoureux tout au long de l’album. Pour Money, Waters a aussi écrit ce qui est possiblement une des plus célèbres lignes de basse de l’histoire du Rock, rien de moins. Enfin, l’ajout de la voix de Clare Torry dans Great Gig in the Sky et du saxophone de Dick Parry sur quelques pièces apportent une très belle dimension à l’album. Notons que Waters (Brain Damage) et Wright (Time) ont leur tour de chant sur l’album même si Gilmour chante sur la majorité des morceaux.

Enregistré au célèbre studio Abbey Road de Londres sous la supervision de l’ingénieur de son Alan Parsons, Dark Side demeure une référence pour ce qui est du son et des effets sonores (Synthé sur On The Run, cadrans et horloges qui sonnent dans Time, bruits de caisses enregistreuses dans Money, etc.). La pochette élaborée par Hipgnosis demeure aussi l’une des plus iconiques de tous les temps avec le fameux prisme et ses couleurs de l’arc-en-ciel. Finalement, il faut en parler, la rumeur qui circule depuis 1994 serait fausse : Dark Side of The Moon n’a aucun lien avec le film The Wizard of OZ malgré le fait que l’album semble être en parfaite synchronisation avec certaines scènes du film.

Wish You Were Here, 1975 (Columbia)

Pink Floyd avait la lourde tâche de pondre un album qui succéderait à Dark Side et Wish You Were a été en ce sens une réussite.

L’album débute par l’excellente Shin On You Crazy Diamond, un morceau très progressif de 26 minutes coupé en deux. Shine On a été écrite en l’honneur de Barrett. Suivent Welcome to The Machine et Have a Cigar, morceaux qui critiquent l’industrie de la musique et ses dirigeants. La chanson titre de l’album traite encore une fois de Barrett et l’album se termine par un retour sur Shine On. Sur la pièce Have a Cigar, c’est Roy Harper qui chante, Waters et Gilmour trouvant que leurs voix respectives ne cadraient pas bien avec la musique. Deux membres du groupe, Gilmour et Wright, se distinguent sur cet album pour ce qui est de la qualité de leur jeu. Les solos de claviers de Wright sont tout simplement sublimes, particulièrement ceux sur Shine On ainsi que sur Welcome to The Machine, et Gilmour est égal à lui-même sur Shine On, à la guitare électrique, et sur la chanson titre avec sa prestation à la guitare acoustique.

Aux dires des membres du groupe et de l’ingénieur Brian Humphries, l’enregistrement de l’album au studio Abbey Road ne fut pas de tout repos. Nick Mason eut certaines difficultés à la batterie dans le contexte de son divorce, et le reste du groupe trouvait difficile d’avoir de l’énergie suite à l’immense succès de Dark Side et de sa drainante tournée. Durant le mixage de l’album, le groupe fut surpris par une visite de Syd Barrett qui n’avait pas revu les autres membres du groupe depuis un certain temps. Barrett avait énormément grossi et avait la tête rasé, les autres membres ne l’ayant pas reconnu à son arrivée. Roger Waters fut très ébranlé par la visite de son vieil ami et ne pu contenir ses larmes. Barrett était confus tout au long de la rencontre et quitta le studio par la suite sans dire au revoir. Aucun membre de Pink Floyd ne revit Barrett jusqu’à sa mort en 2006…

Malgré un accouchement difficile, l’album a connu un immense succès commercial en s’écoulant à 13 millions de copies dans le monde. Fait à noter, c’est le dernier album sur lequel Rick Wright a obtenu un crédit d’écriture avant The Division Bell en 1994.

Animals, 1977 (Columbia)

Vaguement inspiré du livre Animal Farm de George Orwell, Animals est l’album qui a marqué la prise de contrôle de Pink Floyd par Roger Waters. Animals est un album concept qui critique le capitalisme. Le livre d’Orwell critiquait plutôt le communisme. D’une certaine manière, il s’agit de l’album de Pink Floyd en réaction à l’arrivée des Sex Pistols sur la scène musicale britannique: un disque contestataire et un brin politique. Sur Animals, les classes sociales sont représentées par Waters comme des animaux: les hommes d’affaires sont les chiens (Dogs), les moutons (Sheep) représentent le peuple sans défense et les cochons (Pigs) représentent les dirigeants politiques. Waters écrivait les textes depuis plusieurs années au sein de Pink Floyd mais cette fois-ci, il croyait pouvoir s’approprier tous les crédits des musiques aussi, sans créditer les autres membres du groupe pour leur contribution. Gilmour a bien obtenu un crédit pour l’excellente Dogs, un morceau progressif de 17 minutes aux guitares mémorables, mais Rick Wright n’obtint rien, ayant pourtant joué de très jolies introductions aux claviers sur Pigs et Sheep ainsi que de bons passages de synthétiseur sur l’album. Les musiques de certaines pièces avaient pourtant été développées en groupe quelques années auparavant et avaient pris de l’expansion sur scène lors des tournées de 1974 et 1975 sous les noms de Raving and Droolin (Sheep) et You’ve Got to Be Crazy (Dogs). Pour ajouter à la volonté de Waters de montrer son contrôle sur le groupe, ce dernier fit ajouter une chanson d’amour acoustique, Pigs on The Wing, qu’il a séparée en deux pour débuter et terminer l’album. Ce geste donnait encore plus l’impression qu’il avait écrit la majorité de l’album, au grand déplaisir de David Gilmour et Rick Wright qui vivaient des situations personnelles particulières à l’époque et qui n’avaient pas l’énergie pour s’opposer au trip d’égo de Roger Waters. Anecdote intéressante, sur Animals, David Gilmour joue beaucoup de basse (Pigs et Sheep) à la place de Waters qui de son côté joue quelques partitions de guitares rythmiques sur les mêmes morceaux.

Malgré les conflits internes, le résultat est plus que satisfaisant. Animals est un excellent album de Rock progressif qui s’est écoulé à 4 millions d’exemplaires aux USA. La pochette élaborée à nouveau par Hipgnosis, avec la Battersea Power Station et le cochon volant gonflable, a marqué l’histoire du groupe. Roger Waters a accordé une place importante à l’album lors de sa récente tournée Us And Them au Centre Bell en jouant tour à tour Dogs et Pigs.

The Wall, 1979 (Columbia)

La tournée In the Flesh, faisant la promotion de l’album Animals, avait rendu Roger Waters très désillusionné, le fait de jouer dans d’immenses stades en Amérique y étant pour quelque chose. Waters se sentait totalement déconnecté de son auditoire et isolé du reste du groupe. Le soir du 6 juillet 1977, Pink Floyd jouait au Stade Olympique de Montréal pour le dernier concert de la tournée. 78 000 personnes avaient payé 10$ pour entrer au Stade et au moins 2000 de plus étaient entrées illégalement. Les fans étaient dans le Stade depuis 18h30 à boire de la bière et lancer des pétards. Au début du spectacle, vers 20h 30, tout semblait bien se dérouler, mais au moment où Waters voulut jouer Pigs On the Wings pt 2 à la guitare acoustique, il dut se reprendre quelques fois pour terminer le morceau, des pétards étant lancés près de lui par des fans qui chahutaient près de la scène. C’est durant le morceau suivant, Pigs (Three Different Ones) que Waters a perdu les pédales et s’est mis à crier comme un démon. Il a aussi invité un fan, le plus bruyant du groupe qui chahutait, à monter sur scène et au moment où ce dernier s’est approché de lui, il lui a craché sa bière au visage. On peut entendre sur des enregistrements pirates un Waters qui invective des fans et qui se prépare à cracher sur le fan.


Troublé et dégoûté par son propre comportement, Roger Waters décida ensuite d’élaborer le concept de l’album The Wall: l’idée d’un mur qui le séparerait de la foule.

L’album double raconte la vie d’un anti-héros nommé Pink, inspiré de la vie de Waters et de Syd Barrett. L’histoire tourne autour de ceci: Pink a une enfance chaotique. Il perd son père (comme Waters), tué en 1944 durant la Seconde Guerre mondiale. Il est ensuite couvé par sa mère et harcelé par ses professeurs voulant le modeler comme les autres enfants. Pink sombre alors dans un univers métaphorique en bâtissant un mur symbolique pour le protéger du reste de l’humanité, les traumatismes qu’il subit devenant des briques pour son mur. Ensuite,  il devient une vedette Rock et se marie, mais sa relation vacille rapidement. Il fréquente des groupies et sa femme  le trompe. Pink s’emmure totalement après cet épisode. Il devient fou et dépressif mais doit poursuivre sa carrière. Un médecin lui injecte des drogues pour lui permettre de donner ses spectacles. Des hallucinations l’envahissent et il se prend ensuite pour un genre d’Hitler. Ses concerts deviennent ainsi des rassemblements  néo-nazis contre les minorités . Sa propre conscience décide de lui organiser un procès dans lequel il est à la fois accusé et accusateur. À la fin du procès, son juge intérieur demande la destruction du mur pour l’émancipation de Pink.

Waters développa le concept avec l’aide du producteur Bob Ezrin et écrivit les paroles de l’album et pratiquement toutes les musiques. En fait, David Gilmour fut crédité pour seulement 3 chansons : Young Lust, Comfortably Numb et Run Like Hell. L’enregistrement fut un point tournant dans l’histoire du groupe, le claviériste Richard Wright étant poussé vers la sortie, à la fin de l’enregistrement, par Waters, qui le trouvait inefficace depuis un certain temps. Les problèmes de Wright avec la cocaïne ont pu jouer dans son renvoi. Wright fut cependant de retour pour la courte tournée The Wall comme musicien salarié. Le groupe vivait à l’époque des difficultés financières et la pression était très forte sur les épaules de Waters pour que l’album sorte avant 1980 et soit un succès commercial.

The Wall est un très bon album concept mais il faut avouer que l’histoire est plus intéressante avec le film d’Alan Parker qui en a été tiré en 1982. L’album s’étire un peu en longueur sur 90 minutes, sans l’aspect visuel et les illustrations de Gerald Scarfe. Ceci dit, il regorge d’excellentes chansons comme In the Flesh?, Another Brick in The Wall, Mother, Young Lust, Hey You, Comfortably Numb ou Run Like Hell. Les musiciens y vont de certaines de leurs meilleures performances en carrière, particulièrement Gilmour , dont le travail aux guitares est impeccable, et Mason, qui y va de certains de ses rythmes les plus lourds. Pour plusieurs, The Wall est le dernier vrai album de Pink Floyd sur lequel les 4 membres de la formation classique jouent ensemble. Cet album double a été un succès mondial en s’écoulant à plus de 20 millions de copies

Obscured by Clouds, 1972 (EMI)

L’album champ gauche de la discographie de Pink Floyd. Ce disque lancé entre Meddle et Dark Side of The Moon est pourtant très important dans le développement du groupe. Il s’agit au départ de la bande originale d’un film français, La Vallée, qui raconte l’histoire de Viviane, une femme qui se lance dans un voyage un peu bizarre de découverte personnelle en Nouvelle Guinée. Il n’est pas nécessaire d’avoir vu le film pour s’intéresser à ce disque.

Cinq des dix pièces de l’album sont instrumentales. Autre constat, les pièces sont généralement courtes. Ceci dit, cet album, produit par le groupe lui-même et enregistré en France en deux semaines, ressemble à un laboratoire dans lequel le groupe a expérimenté avec de nouveaux jouets comme le synthétiseur VCS 3, une batterie électronique, et des nouveaux effets de guitares, des jouets qui seront presque tous présents sur le célèbre Dark Side of The Moon. Les quatre membres du groupe ont eu un rôle à jouer sur l’album au niveau de l’écriture et seul Nick Mason ne chante pas sur au moins un morceau. Ceci dit, le résultat est surprenant car l’album s’écoute très bien et les chansons sont très accessibles. Quelques pièces sont très Rock et up-tempo, comme When You’re In et The Gold it’s in the… D’autres jouent plus sur les ambiances, comme la pièce titre, Stay et Absolutely Curtain. Il faut noter que la pièce Free Four, pièce Blues Rock écrite par Waters, a obtenu un certain succès aux USA à l’époque, une première pour une chanson de Pink Floyd depuis See Emily Play.

L’album ne connut pas un succès important, étant un peu coincé entre Meddle et Dark Side, mais il sera quand même certifié or aux États-Unis en 1997, soit 25 ans après sa sortie.

Live at PompeII DVD The Director’s Cut, 2003 (Universal)

Il s’agit d’un film docu-concert paru à l’origine en 1972 et réalisé par Adrian Maben. Une prestation du groupe dans les ruines de Pompeii se mêle à des scènes d’entrevue avec les 4 membres du groupe ainsi que des images en studio de l’enregistrement de l’album Dark Side of the Moon. Les scènes d’entrevues ne nous apprennent rien de bien spécial si ce n’est que David Gilmour mentionne que le groupe ne consommerait pas de drogues! Ce qui est plus intéressant évidemment, ce sont les images du groupe en studio et la prestation en direct à Pompeii. En studio, on peut voir le groupe travaillant sur les pièces On The Run, Us And Them et Brain Damage. Pour ce qui est des prestations, le groupe nous offre de magnifiques versions d’Echoes, de One of These Days et de Seamus (avec le chien qui chante pour vrai!) de l’album Meddle, en plus de présenter d’intéressantes versions de Careful With That Axe Eugene, de A Saucerful of Secrets et de Set the Control for The Heart of the Sun. À voir !

 

 

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